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 d’ADHEOS

Le procès des 10 agresseurs présumés de plusieurs membres de la communauté homosexuelle se déroule depuis lundi 16 janvier devant le tribunal pour enfants de Besançon (Doubs). Un procès à huis clos. Rappel des faits.

10 hommes vont devoir répondre de leurs actes, 5 ans après les faits. L’audience se déroule à huis clos, car ces prévenus étaient mineurs en 2018. Deux majeurs seront jugés ultérieurement devant le tribunal correctionnel indique le parquet.

“On est sur de la justice des pénales des mineurs, ça veut dire qu’il y a un effet de groupe avec la maturité qui est celle des enfants mineurs au moment des faits” a expliqué Me Baptiste Monnot avocat de l’un des prévenus. “On a vraiment l’impression d’une espèce de banc de poissons, une bande qui ne réfléchit pas, et qui agit à la fois de manière spontanée car on n’a pas l’impression qu’il y a des leaders qui se concertent avant de passer à l’acte. Mais d’un autre côté, il y a cette répétition des faits qui fait que se pose la question de savoir comment s’apprécie la préméditation, comment s’apprécie l’homophobie pour la plupart des prévenus” a expliqué l’avocat à  notre journaliste Emmanuel Rivallain présent dans les couloirs du tribunal.

Sur le banc des victimes, le souvenir de ces agressions est intact. “Ca a été un déluge de coups, de pieds, de poings sur tout le corps, un passage à tabac. Dans ce cas là, on se met en position fœtale, et on espère juste que ça se finisse rapidement” témoigne une des victimes. Seules trois des 12 jeunes victimes sont présentes aux procès.

“La partie civile que j’assiste attend de nombreuses réponses, il veut comprendre pourquoi il a été victime d’un tel déferlement de violences. Il a vécu cela d’une manière très traumatique. Il a été victime de nombreux coups” explique Me Guillemard, avocate de l’une des victimes. “Pour mon client, c’est toujours compliqué, il a des techniques d’évitement de certains lieux, et surtout quand il croise un groupe de jeunes assez nombreux, il change de trottoirs… Je ne sais pas s’il s’en remettra un jour” confie l’avocate.

Le principal agresseur reconnait les faits. Une peine de 3 ans de prison ferme a été requise à son encontre. Les autres prévenus risquent des peines avec sursis.

Eté 2018, une série d’agressions de nuit

En 2018, le parc Micaud fut le théâtre d’une série d’agressions à caractère homophobes. Par plusieurs fois au cours de l’été, des hommes ont été agressés dans ce parc public connu pour être un lieu de rencontre de la communauté homosexuelle. Au moins cinq agressions au mois de juillet, une accalmie de quelques semaines, et trois nouveaux actes de violence ce début septembre 2018. Des attaques homophobes sous forme de guet-apens tendus en bande. Plusieurs victimes ont dû être hospitalisées. Dans la plupart des cas, les coups portés étaient accompagnés d’insultes homophobes. Nous avions pu échanger à l’époque avec l’une des victimes. Le traumatisme psychologique était pour ces hommes tout aussi important que les blessures physiques. “Ils étaient là pour casser du pédé” nous confiait en septembre 2018 l’une des victimes de ces agressions.

“Expédition punitive”, “chasse à l’homme”, “extrême violence”

“On a affaire à des expéditions punitives à 10 ou 15 contre 1”, détaillait en septembre 2018 un membre de l’association LGBTA Nouvel Esprit. “Des victimes ont été plaquées au sol, puis tabassées méthodiquement. On leur demande de se relever, de fuir, puis on les rattrape pour les frapper à nouveau”. La police évoquait alors des suspects composés d’ “un groupe à géométrie variable”, entre 4 et 10 jeunes hommes, âgés de 15 à 20 ans.”

Une enquête délicate

Lors de l’instruction de l’enquête, le procureur de la République de Besançon Etienne Manteaux avait souligné la complexité de cette dernière. “Les faits se passent de nuit, avec des victimes qui ont été surprises et qui ont peu vu, identifié les agresseurs dans une zone où il n’y a aucune vidéo-surveillance. Nous avons des éléments, les individus ont désigné certains auteurs” expliquait le procureur quelques semaines après les faits.

Finalement, le 6 octobre 2018, 11 suspects ont été interpellés. Un douzième homme a été également été mis en cause. La justice avec la crise sanitaire a mis du temps à renvoyer les auteurs en audience. Le procès devant le tribunal pour enfants doit se tenir jusqu’au mercredi 18 janvier.