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 d’ADHEOS

Six personnes comparaissent depuis lundi à Paris pour avoir publié sur les réseaux sociaux des messages de haine et des appels au meurtre.

Au tribunal judiciaire de Paris, six femmes et hommes sont jugés depuis lundi pour avoir publié sur Twitter des messages de haine et des appels au meurtre à l’encontre de Mila, une jeune femme lesbienne cible de harceleurs depuis sa publication d’une vidéo polémique sur l’islam.

Quatre femmes, dont trois mères de famille, comptent parmi les prévenus appelés à comparaître devant le tribunal judiciaire de Paris pour “harcèlement moral en ligne” et “menaces de mort”. Un des prévenus aurait dû être jugé en juin dernier mais avait bénéficié alors d’un vice de procédure.

Les tweets incriminés avaient été publiés à la fin de l’année 2020. “Cela montre que Twitter est le réseau de la haine. C’est le réseau qui prospère sur la haine”, a estimé Me Malka. Selon son avocat, Mila “a reçu plus de 100 000 messages haineux et de menaces de mort lui promettant de se faire ligoter, découper, écarteler, lapider, décapiter, avec des images de cercueil, des photo-montages de décapitation, de sa tête sanguinolente”.

Parmi les tweets incriminés, certains suggèrent de “la fumer”, d’autres de lui faire subir des sévices sexuels, tandis qu’un internaute souhaite “l’étrangler de [ses] propres mains”. “Ça devient tristement classique”, a commenté Me Malka. La jeune femme a été la cible d’un “raz-de-marée de haine” après avoir répondu en janvier 2020 à des injures sur les réseaux sociaux sur son orientation sexuelle par le biais d’une vidéo véhémente sur l’islam.

Alors âgée de 16 ans et demi, elle avait été contrainte de quitter son lycée. Elle vit depuis sous protection policière. La jeune femme, qui revendique son droit au blasphème, s’était attiré une nouvelle salve de menaces après la publication d’une seconde vidéo polémique, le 14 novembre 2020, dans laquelle elle lançait vertement à ses détracteurs : “Et dernière chose, surveillez votre pote Allah, s’il vous plaît. Parce que mes doigts dans son trou du cul, j’les ai toujours pas sortis”.

L’affaire Mila, devenue symbolique du combat pour la liberté d’expression et le droit au blasphème, a pris une ampleur médiatique très importante dans un pays marqué par des attaques islamistes meurtrières en 2015 contre l’hebdomadaire satirique Charlie Hebdo qui avait publié des caricatures de Mahomet ou contre l’enseignant Samuel Paty décapité en 2020 après avoir montré ces mêmes caricatures à des élèves. En juillet dernier, le tribunal correctionnel de Paris avait déjà condamné à des peines de quatre à six mois de prison avec sursis dix personnes pour “harcèlement en ligne” et la onzième, une jeune femme de 18 ans, pour “menaces de mort”.

“Ce que je veux, c’est que, tous ensemble […], on continue de se battre”, avait commenté la jeune femme en sortant du tribunal accompagnée de ses parents, de son avocat et des agents chargés de sa protection. “Ce que je veux, c’est que les personnes qui seraient considérées comme des pestiférés, à qui on interdirait les réseaux sociaux, ce soit ceux qui harcèlent, qui menacent de mort, qui incitent au suicide. Je ne veux plus jamais qu’on fasse culpabiliser les victimes”, avait-elle insisté. La vague de messages haineux qui a touché Mila était “une entreprise de harcèlement, qui a eu des conséquences physiques et psychiques” sur la jeune fille, a souligné le tribunal dans son jugement.

L’infraction de cyberharcèlement a été créée par une loi de 2018. Elle peut être constituée dès lors que plusieurs personnes s’en prenant à une même victime savent que leurs propos ou comportements caractérisent une répétition, sans que chacune de ces personnes ait agi de façon répétée ou concertée. Les prévenus encourent deux ans de prison et 30 000 euros d’amende pour le harcèlement en ligne, trois ans d’emprisonnement et 45 000 euros d’amende pour les menaces de mort.