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 d’ADHEOS

A l’occasion de la Journée internationale contre l’homophobie et la transphobie, le ministère des affaires étrangères a invité plusieurs militants LGBT du Maghreb. Pour eux, les printemps arabes n’ont rien changé. Entre répression et discrimination, les homos restent les oubliés des révolutions.
 
Pour les homos du Maghreb, les lendemains qui chantent se font attendre. Invités mercredi, à l’occasion de la Journée internationale contre l’homophobie et la transphobie, au Ministère des affaires étrangères à Paris, plusieurs militants LGBT d’Algérie et de Tunisie ont partagé le même constat, plutôt amer: le vent de liberté qui s’est levé l’année dernière au Maghreb ne souffle pas pour les personnes LGBT.
 
Radicalisation de l’homophobie
«Juste après la révolution, la société est devenue plus permissive et tolérante, mais la situation a très vite régressé, raconte Khouloud, étudiante de 26 ans à Tunis. Notre ministre des Droits de l’homme a par exemple déclaré que l’homosexualité n’était pas un droit humain et méritait un traitement médical.»
 
En Tunisie comme en Algérie, l’homosexualité reste passible de 6 mois à trois ans de prison. Et depuis les changements de régimes ou la fragilisation des gouvernements en place, la répression empire et l’homophobie se radicaliserait. «Depuis quelques temps, avoir l’air homo est devenu dangereux et des garçons efféminés se font arrêter, confirme Ihcène, une militante d’Alger. Dans la presse, les articles qui appellent à la haine, et amalgament homosexualité, prostitution et pédophilie, sont de plus en plus nombreux. Pour beaucoup de personnes au Maghreb, être homophobe est presque naturel». «En ce moment en Tunisie, ça part dans tous les sens et nous voyons même apparaître des petites milices qui veulent remettre la société dans le droit chemin», confirme Khouloud.
 
Ingratitude
Pour ces militants, le pire ennemi semble l’isolement et, parmi leurs anciens compagnons de révolution, leurs revendications ne rencontrent aucun écho. «Pendant la révolte, la communauté LGBT a participé aux manifestations. Dans la rue, il n’y avait aucune discrimination entre hommes, femmes et homos, se souvient Khouloud. Les homos aussi se sont rebellés, eux aussi ont été arrêtés et tabassés. Mais depuis, notre sort n’intéresse personne. Cette ingratitude est insupportable.»
 
Là-bas, les droits des homos ne sont pas des droits de l’homme comme les autres, et ne sont jamais évoqués par les associations ou les partis de gauche. Même Amnesty international l’avoue: sur place, elle a du mal à mobiliser ses membres autour des thèmes LGBT.
 
Convaincre les chefs d’Etat
Faute de soutiens, la plupart des militants ont dû constituer leurs propres associations. Leur existence est plus ou moins officielle, leur but plus ou moins avoué. Progressivement, elles ont obtenu l’appui de nombreuses associations internationales et se sont faites connaître auprès de leurs compatriotes émigrés en Europe.
Maintenant, c’est de la part des Etats occidentaux qu’elles espèrent de l’aide.
 
François Zimeray, ambassadeur de France pour les Droits de l’Homme et initiateur de cette rencontre, affirme que, pour la France, «leur cause n’est pas oubliée», et que «chacun doit pouvoir être ce qu’il est, là où il vit.»
 
Parmi les nouvelles pistes envisagées pour soutenir les droits homos: confier au réseau de centres culturels français la sensibilisation sur les discriminations, et peser au sein de l’OCDE et de l’Organisation Internationale de la Francophonie pour convaincre les chefs d’Etat de renoncer aux politiques homophobes. Mais l’Ambassadeur prévient d’emblée: la partie est loin d’être gagnée