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 d’ADHEOS

Hope for Wholeness, un ministère américain de « thérapies de conversion », a annoncé la fin ses activités. L’an dernier, son fondateur avait fait son coming out et s’était excusé auprès des victimes.

Parce les États-Unis sont le berceau historique du mouvement « ex-gay », qui prétend « guérir » l’homosexualité par la grâce divine, observer ce qui s’y passe permet de comprendre ce qui pourrait se produire demain en France, où ce mouvement s’est implanté depuis une trentaine d’années. Vendredi 19 juin, le site d’information américain NBC News a révélé que Hope for Wholeness (« espoir de complétude« ), un des plus grands ministères chrétiens évangéliques de « thérapies de conversion » aux États-Unis, présent dans quinze États fédérés, s’apprêtait à disparaître.
 
Le motif de cette auto-dissolution n’est pourtant pas, officiellement, une soudaine prise de conscience de l’absurdité et du danger d’une telle démarche, mais une difficulté à trouver un nouveau dirigeant. Dans un mail adressé aux membres du groupe créé en 1999 à Spartanburg, en Caroline du Sud, que NBC a pu consulter, son conseil d’administration écrit : « Ce fut une année tumultueuse pour nous. Nous avons perdu le directeur et fondateur, cherché son remplaçant pendant deux ans, embauché un nouveau directeur, puis perdu également ce directeur. Après beaucoup de prières et de discussions, nous avons pris la décision difficile de dissoudre l’organisation. Ce ne fut pas une décision facile. Mais nous pensons que c’est la bonne décision. »
 
Héritier d’Exodus International
 
Initialement créé sous le nom de Truth Ministries, Hope for Wholeness rassemblait chaque année des centaines de personnes dans ses conférences nationales, promettant à ses adhérents d’être « libérés de l’homosexualité par la grâce de Jésus-Christ« . Ce ministère a d’abord émergé comme une antenne locale d’Exodus International, le plus grand réseau « ex-gay » de l’histoire, créé en 1976, qui était parvenu à essaimer dans 120 villes aux États-Unis et au Canada et créer des avatars sur les cinq continents à travers des campagnes missionnaires.
 
Le mouvement « ex-gay » a connu une défaite cinglante en juin 2013 lorsque Alan Chambers, président d’Exodus depuis 2001, annonce officiellement la fin du réseau « ex-gay ». Sur CNN, interrogé par le célèbre présentateur Anderson Cooper, il s’expliquait alors : « Je sais qu’il y a des personnes qui ont mis fin à leur vie parce qu’elles avaient honte de ce qu’elles étaient et pensaient que Dieu ne pouvait les aimer telle qu’elles étaient. Et c’est quelque chose qui continuera de me hanter jusqu’au jour de ma mort. » Une partie des cadres d’Exodus International, en désaccord avec la décision de leur dernier président, ont migré vers Hope for Wholeness. Mais en 2019, McKrae Game, fondateur de Hope for Wholeness qu’il a dirigé pendant deux décennies, fait son coming out public et présenter ses excuses aux victimes du ministère, comme Chambers avant lui. Auprès de NBC, Game a comparé le mouvement « ex-gay » au « Titanic » qui « prend l’eau« .
 
« C’est une industrie »
 
« C’est énorme pour de nombreuses raisons, a réagi auprès de NBC News Mathew Shurka, lui-même victime de « thérapies de conversion » entre ces 16 et ses 21 ans sous la pression de son père juif orthodoxe et cofondateur du projet Born Perfect, qui vise à mettre fin à ces pratiques aux États-Unis. Hope for Wholeness est une organisation de « thérapies de conversion » très connue qui a trompé beaucoup de gens. » Cependant, l’activiste invite à rester sur ses gardes : dans son mail à ses adhérents, Hope for Wholeness indique son intention de transférer ses réserves financières à un autre ministère « ex-gay » dont le siège se situe à Louisville, dans le Kentucky. Dénommé Abba’s Delight, cette ancienne antenne d’Exodus prétend s’adresser dans une approche « biblique » à ceux qui ressentent une « attirance non désirée pour le même sexe« .
 
« Les « thérapies de conversion » sont une industrie et, que ces personnes soient des professionnels agréés ou des organisations à but non lucratif, il y a de toute façon de l’argent à se faire, a ajouté Mathew Shurka. Toute la fausse promesse selon laquelle ils peuvent rendre les homosexuels hétérosexuels est frauduleuse… Donc le fait que Hope for Wholeness ait des fonds de réserve qui vont être redirigés est une expression de cette fraude. C’est un cercle vicieux. » En France, l’association évangélique Torrents de vie, antenne française de Desert Stream, ministère qui lui aussi était rattaché à Exodus International, existe depuis 1995 et s’est implanté dans une quinzaine de villes. Le livre Dieu est amour (Flammarion, 2019) et le documentaire Homothérapies (ARTE, 2019) ont montré grâce à une infiltration journalistique comment, dans ces sessions, l’homosexualité est assimilée à une possession démoniaque. La députée LREM Laurence Vanceunebrock, qui avait auditionné en novembre les dirigeants de Torrents de vie, a déposé récemment une proposition de loi pour interdire les « thérapies de conversion ».