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 d’ADHEOS

Lundi, jour de la fête de l’unité nationale, une dizaine de milliers de nationalistes ont défilé le bras tendu en criant des slogans xénophobes.
 
«Aujourd’hui une mosquée, demain le jihad !» Comme tous les 4 novembre, jour chômé pour la fête de l’unité nationale, une dizaine de milliers de nationalistes russes ont défilé dans le quartier dortoir moscovite de Lioublino, le bras tendu dans un salut nazi, en criant des slogans xénophobes. Ils demandent la fin des subventions pour les républiques du Caucase du Nord (qui font pourtant partie de la fédération de Russie) ; l’introduction d’un régime de visas pour les ressortissants d’Asie centrale, qui composent aujourd’hui le gros du contingent des travailleurs migrants en Russie ; et l’autorisation du port d’armes légères.
 
Les organisateurs espéraient un rassemblement record après l’émeute anti-immigrés du 13 octobre dans le quartier périphérique de Birioulovo,après l’assassinat d’un jeune Russe par un Azerbaïdjanais (selon l’enquête). Toutefois, même si le racisme ordinaire semble gagner du terrain dans le pays, et plus particulièrement à Moscou, la «Marche russe» n’attire pas foule.
 
Les experts pourtant s’inquiètent. Ces deux dernières années, le nombre de crimes racistes et de confrontations interethniques augmente, selon les données du centre d’études Sova, spécialisé dans le recensement des actes xénophobes. Natalia Ioudina, experte de Sova, explique cette tendance par un relâchement des autorités dans la traque aux groupes extrémistes. «Ils ne les chassent plus sur le terrain, mais concentrent leurs efforts sur les réseaux sociaux.» Moins fatiguant. Moins efficace aussi.
 
Parmi les nombreuses actions violentes visant les immigrés, l’opération «Wagon blanc» a été menée fin septembre dans le métro de Moscou : des extrémistes empêchaient les gens «de couleur» de pénétrer dans la rame de métro, en hurlant «A mort !» (à Saratov, le concept a été décliné en «Trolleybus blanc»). Sova a également recensé, fin octobre, des raids sur les lignes de chemin de fer : une bande de nationalistes pénétrait dans les trains de banlieue pour en extirper les passagers au «physique non slave» et les tabasser sur le quai. Deux incidents du même type ont été signalés sur les trains de grandes lignes : vitres brisées, insultes racistes, agression des passagers «non slaves». Entre août et octobre, le nombre d’attaques racistes s’est encore accru de 40% par rapport au trimestre précédent, selon les données de Sova. «La campagne pour la mairie de Moscou de cet été a été accompagnée d’une rhétorique extrêmement xénophobe, poursuit Natalia Ioudina. Chacun des candidats s’est exprimé en termes négatifs sur les migrants.» Y compris Alexeï Navalny, le candidat de l’opposition. Et le maire, Sergueï Sobianine, a «ajouté les actes aux mots en organisant un camp de rétention dans la capitale». L’extrême droite en a retiré un sentiment d’impunité, s’adjugeant un permis d’agir contre les immigrés.