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 d’ADHEOS

Le procès de Salif Doukouré et de Mohamed Traoré, accusés du viol homophobe d’une jeune femme à Béziers en mars 2010 a repris devant la cour d’assises de l’Hérault.
 
12 h 30 : 12 et 15 ans requis contre les deux accusés
 
Dans un réquisitoire précis et méthodique, l’avocat général Jérôme Laurent a demandé aux jurés de reconnaître la culpabilité de Salif Doukouré, qui a reconnu les faits, mais aussi celle de Mohamed Traoré, qui les nie "alors que les éléments sont particulièrement lourds. Vous reconnaîtrez également les circonstances aggravantes, hormis celle de l’usage d’une arme, qui font qu’une peine de vingt ans est encourue."
 
Pour le magistrat, le caractère homophobe doit être retenu : "A mon sens, ils éprouvent un mépris profond pour elle, motivé par deux éléments : sa consommation excessive d’alcool et son homosexualité, qui est la raison pour laquelle ils ont abusé d’elle de façon aussi odieuse. Les termes employés par l’un et par l’autre au cours des différentes expertises sont éclairants sur le mépris qu’ils éprouvent pour les personnes homosexuelles. Traoré parle de "gouine", Doulouré dit "C’est une handicapée de la tête, elle est même pas sexy, c’est une lesbienne." Tout cela montre qu’ils ont une perception négative d’elle en raison de son homosexualité."
 
Le magistrat requiert alors une peine de quinze ans de réclusion criminelle contre Mohamed Traoré, qui selon lui a eu "un rôle moteur " dans le déroulement du crime, et une peine de douze ans contre Salif Doukouré, dont la responsabilité est atténuée par les troubles psychiatriques dont il souffre. L’avocat général demande également à la cour d’assortir cette condamnation d’un suivi socio-judiciaire de 5 à 10 ans, et de fixer à 5 à 7 ans de prison la peine supplémentaire en cas de non respect de ce suivi socio judiciaire.
 
L’audience reprend à 14 h, avec les plaidoiries de la défense. Verdict attendu en fin de journée.  
 
 
12 h : Me Terrier : "Je souhaite que cette barbarie homophobe soit retenue"
 
"Je suis seul pour parler d’elle", reconnaît Me Philippe Terrier, avocat en partie civile de Julie, la victime du viol. "Elle est tellement effondrée qu’elle n’a pas pu venir. Pour elle il faut que le crime soit nommé, que votre cour dise qu’il y a bien eu viol. Il faut que la barbarie homophobe soit nommée. Elle n’attend ni la méchanceté, ni la vengeance."
 
"Elle veut que sa parole soit crue", poursuit l’avocat, soulignant les aveux de Salif Doukouré : "En cela, le travail de la justice est en partie fait." Mais il regrette l’enferment "absurde" de Mohamed Traoré. "Il l’humilie une troisième fois ?" Puis il revient sur le caractère homophobe du viol. "Je ne suis pas certain que l’homophobie ait été le mobile du viol. Mais cette femme plaquée au sol par deux individus en rut, l’idée dans cette horreur de lui faire abjurer son homosexualité… On est chez les Inquisiteurs, on est dans le meurtre de Frederico Garcia Lorca, dans le meurtre de Pier Paolo Pasolini. On est dans quelque chose de totalement différent du viol banal. Je souhaite que cette barbarie homophobe soit retenue dans votre arrêt."
 
Et revenant sur l’absence de sa cliente, et sur les dénégations de Mohamed Traoré, il conclut : "On a dans cette affaire à la fois le silence de l’Agneau, et le silence du bourreau." 
 
11 h 40 : les débats sont clos
 
Les débats sont clos à la cour d’assises de l’Hérault, qui s’apprête à entendre la plaidoirie de Me Philippe Terrier, partie civile pour Julie. Salif Doukoure n’a rien souhaité ajouter, tandis que Mohamed Traoré s’est livré à une déclaration qui a entraîné un long jeu de question réponses avec le président.
 
"Je veux dire que je suis désolé de ce qui lui est arrivé. Je me suis laissé entraîner par l’alcool. Ce jour-là, je ne me suis pas levé en me disant aujourd’hui, je vais violer quelqu’un. J’ai beaucoup bu à cette soirée-là, il y a des choses dont je ne me rappelle pas. Je tiens à dire que je n’ai pas fait de mal à personne. J’ai beau me creuser la tête, j’ai pas le souvenir." Des propos ambigus, qui amènent le président à longuement questionner à nouveau l’accusé, qui a toujours maintenu ne s’être jamais rendu chez la victime. Mais il se heurte toujours à la même réponse : "Je ne sais pas". 
 
"Je regrette que M. Traoré nous mène toujours en bateau", soupire l’avocat général. Soudain, coup de théâtre : Me Lafon, son avocat, demande à ce que Jessica, son ancienne compagne, revienne à la barre. "Elle m’a fait hier une révélation". La jeune femme arrive : "Au début de son incarcération, il m’a dit avoir été rapidement dans l’appartement de la victime, elle le lui avait fait visiter et après ils ont été rejoindre les autres." Le président à Traoré : "Est-ce que vous vous en souvenez ?" Traoré : "Oui. Je suis peut-être monté." Mais il refuse d’en dire plus. "Je pense que c’est particulièrement odieux pour la victime d’entendre "Je suis désolé" de la part de son agresseur qui maintient qu’il n’avait rien fait", tranche l’avocat général.
 
La parole est désormais à Me Philippe Terrier, avocat de la partie civile, qui sera suivi par le réquisitoire de l’avocat général.
 
9 h 30 : reprise des débats aux assises
 
A la barre, le Dr Chiarini, expert-psychiatre mandaté en urgence par le président pour examiner Salif Doukouré, a commencé son rapport sur l’état mental de Salif Doukouré, sur lequel les jurés s’interrogent. Il l’a examiné jeudi à la mi-journée et a pu consulter son dossier médical.
 
"C’est un dossier complexe, avec des troubles de la personnalité", estime le médecin. "On est incontestablement dans le champ de la psychose. Mais il n’était pas en phase délirante au moment des faits. Il percevait manifestement la situation. On ne peut pas le considérer comme irresponsable de ses actes, mais je pense qu’il y a une altération de son discernement."
 
Selon le médecin, sa pathologie existait avant les faits, et a pu être aggravée par l’incarcération. "Ce sujet nécessite des soins au long cours. S’il n’est pas accompagné, il y a un risque de récidive, avec un risque majeur en cas de prise de cocaïne. Sa personnalité le rend particulièrement vulnérable en détention. Il relève d’un milieu carcéral psychiatrique. Je suis d’ailleurs étonné qu’on l’ait laissé dans un milieu carcéral non spécialisé."