Tim Cook, le patron d’Apple, clamant sa "fierté" d’être gay: l’image ne va pas manquer de bousculer les conseils d’administration et pousser les jeunes homosexuels à aspirer aux plus hautes charges, estiment les défenseurs des droits des homosexuels.
Le coming out de Tim Cook dans une tribune publiée sur le site internet du magazine BloombergBusinessweek est d’autant plus remarquée que, des grands patrons répertoriés dans le classement Fortune 500 de l’été dernier, aucun n’est ouvertement gay, selon la Wharton School of Business de l’université de Pennsylvanie.
Surtout, le patron de la marque à la pomme, 53 ans, n’a pas incidemment évoqué son orientation sexuelle; il l’a qualifiée de "plus grand don que Dieu m’ait fait".
"La conséquence principale (de cette annonce) est que la culture gay va continuer à se banaliser", juge Roger Kay, un analyste qui suit le secteur technologique pour la société Endpoint Technologies Associates. "Cela va certainement inciter d’autres personnes qui occupent des postes à responsabilités à révéler leur homosexualité à leur tour", poursuit-il.
Car, aux Etats-Unis, si dans la culture, la politique ou le sport, les gays et lesbiennes ont gagné en visibilité ces dernières années, le monde de l’entreprise continue à se montrer plus hermétique.
Un rapport du cabinet d’audit et de conseil Deloitte publié en décembre révélait ainsi que 83% des employés homosexuels taisaient leur orientation à leurs collègues et patrons de peur d’être victimes de discriminations.
Alors, Chad Griffin, président de l’association de défense des droits des homosexuels Human Rights Campaign (HRC), voit dans l’annonce de Tim Cook une étape majeure pour les plus jeunes. Le successeur de Steve Jobs "a toujours été un modèle, mais aujourd’hui des millions de personnes à travers le monde ont une raison supplémentaire de se sentir inspirées par sa personnalité. Tim Cook est la preuve vivante que les jeunes gays, lesbiennes, transgenres et bisexuels peuvent réaliser leurs rêves, qu’ils veuillent devenir médecin, sénateur ou même patron de la plus grande marque au monde", a-t-il jugé.
Roger Kay souligne que dans la Silicon Valley californienne tout le monde savait que le patron d’Apple était homosexuel – dans la plus grande indifférence. "Si vous n’avez pas honte de votre sexualité, personne ne peut s’en servir contre vous", conclut-il.
Dans son billet, Tim Cook explique qu’il n’a jamais fait mystère de son homosexualité mais a jugé que faire publiquement son coming out était un moyen de promouvoir l’égalité, et donc "plus important" que de préserver sa vie privée.
"J’ai la chance de travailler dans une entreprise qui vénère la créativité et l’innovation et qui est bien consciente que sa prospérité n’est possible qu’en soutenant les différences de chacun. Tout le monde n’a pas la même chance", a-t-il souligné. "Etre gay m’a fait intimement comprendre ce qu’appartenir à une minorité signifie et cela m’a donné à voir les défis auxquels les autres minorités font face", a-t-il raconté. "Cela m’a aussi donné la peau d’un rhinocéros, ce qui est utile quand vous êtes le patron d’Apple".
Tim Cook travaille pour Apple depuis 16 ans. Il était devenu directeur général d’Apple en août 2011, succédant au fondateur Steve Jobs, décédé, dont il était jusqu’alors le bras droit.
- Source E-llico