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 d’ADHEOS

L’association évangélique “Torrent de vie” est accusée d’homophobie et de pratiquer des “thérapies de conversion” à l’hétérosexualité, pourtant illégales. David et Jonathan, une association nationale, également présente à Bordeaux, lutte depuis longtemps contre ces pratiques.

Présente à Bordeaux, “Torrents de vie” est dans le collimateur du gouvernement depuis la diffusion de nouveaux témoignages sur BFM TV. Dans ce reportage, une journaliste infiltrée dans l’association a pu filmer en caméra cachée des thérapies de conversion destinées aux personnes homosexuelles, une pratique interdite par la loi.
Après la diffusion de l’enquête de nos confrères, Bérangère Couillard, Ministre délégué chargée de l’égalité entre les hommes et les femmes et de la lutte contre la discrimination et ex députée de la7e circoncritpion de la Gironde, a saisi le procureur de la République.

Cyrille de Compiègne, porte-parole de l’association “David & Jonathan”, association catholique pour les personnes LGBT+, connait bien “Torrent de vie”. Il a ainsi rencontré d’anciens membres et il se bat depuis toujours contre les pratiques de “Thérapies de conversion” en particulier. Bien que pénalisée en 2022, la pratique, selon lui, existe toujours.

Mélange de religion et de “pseudo sciences”

Développée aux États-Unis, dans les années 70, elle s’implante un peu partout dans le monde et notamment en France par le biais de “Torrent de vie”, qui existe depuis 25 ans.  “La pensée de son créateur a eu des échos même dans les sphères catholiques”, insiste Cyrille de Compiègne qui rappelle que “le vocabulaire de la blessure revient souvent”.

On vous explique que vous avez une blessure affective et qu’un accompagnement de prière et du spirituel va pouvoir guérir. Que si vous êtes en dehors de l’hétérosexualité ou de la norme de genre, la religion va pouvoir vous guérir.

Cyrille de Compiègne, porte-parole de l’association “David et Jonathan”

à rédaction web France 3 Aquitaine

Toute la théorie, explique le militant associatif, revient à lier un mal-être réel à une blessure liée au couple, à la sexualité ou plus largement à la cellule familiale, comme à la petite enfance.  Souvent, le lien est fait avec les parents. “L’explication apportée est plutôt de nature pseudo- psychanalytique, explique-t-il : soit vous avez subi des violences, des carences, ou vous avez une immaturité affective.” Ce mélange de religion et de “pseudo-sciences”  lui semblent vraiment dangereux. “Cela donne une crédibilité au discours, insiste-t-il. On sort de la Bible : il ne s’agit plus simplement d’un péché qui vous éloigne de Dieu”. 

Des séances de prières intenses et traumatisantes

Dans les cas qu’il a eus à connaître, les choses se sont toujours passées de la même façon “On va prier pour vous, dans un appel à l’intervention divine. On va vous inviter à vous couper toutes les sphères qui pourraient être source de tentation et à continuer à avoir une pratique religieuse très importante”.

Le premier constat est que c’est une expérience traumatique qui détruit les personnes.

Cyrille de Compiègne, porte-parole de l’association “David et Jonathan”

à rédaction web France 3 Aquitaine

Les personnes concernées évoluent le plus souvent dans un modèle évangélique ou, plus à la marge, le protestantisme luthéro-réformé.  “Les personnes qu’on a rencontrées se sont tournées vers “Torrent de vie” en espérant revenir dans la norme et obtenir un appui. Cette théorisation de l’homosexualité, comme provoquée par des blessures dans l’enfance, reste très présente et notamment chez les protestants”, poursuit-il.

La difficulté de lutter contre ces thérapies

Cyrille de Compiègne insiste sur caractère insidieux de ces associations telles que “Torrents de vie”, présentes au cœur même de l’Eglise. Les victimes sont fréquemment abordées dans le cadre de leur paroisse, et ne souhaitent pas se mettre à dos cet espace religieux. C’est alors que le piège se referme, en douceur.

Même si derrière elles se rendaient compte que ça les détruisait, c’était très difficile pour elles de se retourner contre l’association. Car “Torrent de vie” ne force personne.

Cyrille de Compiègne, Porte parole de l’association “David et Jonathan”

à rédaction web France 3 Aquitaine

Une menace bien présente au-delà de “Torrent de vie”.

“Il y a un vrai travail de vigilance à faire avec tous ces acteurs”, poursuit le chantre de la conciliation entre homosexualité et religion. Car, même si depuis le 31 janvier 2022, la loi pénalise les thérapies de conversion, tout en prévoyant des peines jusqu’à deux ans d’emprisonnement et 30 000 euros d’amende, les outils de contrôles ne sont, selon lui, pas assez fiables.  “À ma connaissance, il n’y a pas d’acteur qui puisse faire ce travail. Or, il faut qu’il y ait des personnes qui aient cette capacité de veille et de signalement”. 

Selon Cyrille de Compiègne, le renouveau de ce mouvement s’étend désormais au-delà du milieu évangéliste. “Les prières de guérison sont de plus en plus fréquentes dans la sphère catholique”, confie-t-il.

Torrents de vie dans le viseur de la Miviludes

Bien que toujours membre du Conseil national des Évangéliques de France (CNEF), l’association Torrents de vie semble gêner quelque peu aux entournures. Contacté par France 3 Aquitaine, un pasteur bordelais dont le Temple est également membre du Conseil ne cache pas ses réticences à devoir se prononcer sur l’association.  “Je ne connais pas du tout Torrents de vie”, assure-t-il, tout en reconnaissant avoir été informé de sa mise en cause par le gouvernement.  ” Je ne sais pas si c’est une secte, mais il faudrait avoir des clarifications à ce sujet.”

En effet, depuis de nombreuses années, l’association est montrée du doigt par les associations défendant les droits des personnes homosexuelles, et est dans le viseur de la Miviludes ( Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires).  La Mission interministérielle en faisait mention dans son rapport d’activité de 2021.

 

Source : france3-regions.francetvinfo.fr