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 d’ADHEOS

 
Pour TÊTU, l’Ifop analyse le profil de la population gay et lesbienne en 2011: combien sont-ils? Vivent-ils plutôt à Paris ou en province? Sont-ils en couple? Les résultats balaient quelques idées reçues…

 
 

Combien y a-t-il d’homosexuels en France? Quelle proportion se dit lesbienne… ou bi? Habitent-ils à Paris ou en province? Tout le monde s’est un jour posé ces questions, mais jusqu’ici, aucun outil statistique conséquent ne permettait de l’évaluer.
 
C’est aujourd’hui possible grâce au travail mené par l’institut Ifop pour TÊTU et que nous révélons à la veille de la Marche des fiertés parisienne. Fruit d’un cumul de plusieurs enquêtes menées au printemps, sur près de 8.000 personnes – un échantillon assez important pour être représentatif et afficher une marge d’erreur réduite. Il permet enfin de répondre à un certain nombre de questions sur les homos dans la population française… et de tordre le cou à quelques idées reçues.
 
 
Les personnes interrogées ont eu à répondre à une question d’autodéfinition de leur orientation sexuelle. Il ressort de cette enquête que 6,5% des interviewés se définissent comme «bisexuel(le)» (3%) ou «homosexuel(le)» (3,5%). Si l’on extrapole ces statistiques à l’échelle de la population française de 18 ans et plus, la France compterait respectivement 1,72 et 1,48 millions de personnes se revendiquant homo ou bisexuel, soit un total de 3,2 millions d’individus affirmant une part d’homosexualité.
 
  • Surreprésentation masculine
 L’étude de l’Ifop permet également de mieux connaître le profil des personnes se revendiquant bisexuelles ou homosexuelles. Ainsi, bi et homosexuels se distinguent du reste de la population française par une nette surreprésentation des hommes: la population bi ou homosexuelle est aux deux tiers masculine (67% d’entre eux sont des hommes, contre 47% chez les hétérosexuels).
 
  • Une population plutôt jeune
 Autre différence notable par rapport à la population générale: les déclarés «bi» et «homos» sont sensiblement plus jeunes. On recense une proportion supérieure de personnes âgées de moins de 50 ans (68%, contre 55% chez les hétérosexuels). «Cela s’explique sans doute par le fait que les personnes nées après 1960 ont fait l’apprentissage de la sexualité après la période de libéralisation des mœurs» analyse François Kraus, chef de groupe au département opinion et stratégies d’entreprise de l’Ifop. 
 
 
Concernant le taux d’activité, on note une surreprésentation des actifs (personnes occupant un emploi) dans la population homo, encore une fois, au regard de la population en général. Mais cette différence s’expliquerait surtout par la différence d’âge citée plus haut: moins de seniors signifie moins de retraités.
 
En revanche, analyse l’Ifop, «Si l’on porte notre regard sur les seuls actifs, l’orientation sexuelle des individus apparaît sans aucune incidence statistiquement significative sur le positionnement sur l’échelle sociale». Les fameuses catégories socio-professionnelles supérieures (CSP+) et les professions intermédiaires sont légèrement supérieures, dans les résultats de l’Ifop, chez les homos (par exemple, 24% des homos se disent de CSP+, contre 21% des hétéros) et il y a un peu moins CSP- (49%, contre 55%) mais la différence n’est pas assez notable pour être significative. Autrement dit, la probabilité d’être cadre ou ouvrier est la même, que l’on se définisse comme hétéro, bi ou homo.
  
De même, la proportion de bi et d’homos résidant en Île-de-France n’apparaît pas, contrairement à certaines idées reçues, supérieure à celle observée en province: 19% des bi ou homosexuels résident en Île-de-France, contre 17% des hétérosexuels – un écart, encore une fois, pas statistiquement significatif.
 
Même constat sur le différentiel zone rurale/zone urbaine: 26% des hétérosexuels interrogés déclarent habiter une commune rurale, soit un résultat comparable à celui observé tant chez les bisexuels que chez les homosexuels (24%). Une différence minime qui ne permet pas, selon les statisticiens, de tirer des conclusions. 
 
Enfin, l’étude menée par l’Ifop pour le compte de TÊTU offre quelques indications quant à la vie en couple et la présence d’enfant(s) dans les foyers des personnes interrogées. Concernant le premier point, 55% des bisexuels et 46% des homosexuels déclarent vivre en couple, soit des proportions plus faibles que chez les hétérosexuels (70%).
 
Parallèlement, près d’une personne sur cinq (19% exactement) parmi les bi et les homosexuels interrogés indiquent la présence d’un ou plusieurs enfants dans leur foyer. La probabilité de présence d’un ou plusieurs enfants s’avère toutefois nettement plus élevée parmi les bi que chez les homosexuels (24% contre 14%). 
 
 
  • La méthode d’analyse
 Les données présentées sont extraites d’un cumul réalisé à partir d’études menées par l’Ifop du 1er février au 10 mars 2011. Chacune de ces enquêtes a été effectuée auprès d’un échantillon de 800 à 1.000 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus.
 
Au total, l’échantillon cumulé ainsi constitué est de 7.841 Français âgés de 18 ans et plus, 514 personnes admettant une part d’homosexualité. La représentativité de l’échantillon a été assurée à partir de la méthode des quotas (sexe, âge, profession de la personne interrogée, région, catégorie d’agglomération) appliqués sur l’ensemble des Français âgés de 18 ans et plus. Compte-tenu de l’échantillon interrogé, à la question sur l’orientation sexuelle, la marge d’erreur se situe entre -0,6 et +0,6 au maximum.
 
Les interviews ont eu lieu par questionnaire auto-administré en ligne (Computer Assisted Web Interviewing – CAWI). En raison du caractère intime et sensible du sujet abordé, ce mode de recueil offre aux répondants la possibilité de parler de soi sans risquer de se sentir jugé par un enquêteur. Garantissant un total anonymat aux personnes interrogées, cette méthode permet donc de libérer la parole des gens qui n’auraient pas souhaité aborder certains sujets devant un enquêteur ou en présence d’un proche (si l’entretien se déroulait devant un tiers).