Un agent de la compagnie ferroviaire a été sanctionné pour avoir demandé à un couple de femmes de cesser de s’embrasser sur un quai de la gare du Nord, à Paris. Il aurait qualifié ce baiser «d’intolérable».
Rien de plus banal qu’un baiser sur un quai de gare. La routine. Sauf, visiblement, quand on est un couple de jeunes femmes : l’organisation All Out, qui milite pour l’égalité et le respect des droits homosexuels, a lancé ce jeudi une campagne sur internet pour sensibiliser à l’expérience de deux jeunes femmes, victimes de propos homopobes de la part d’un agent Thalys, mi-février, gare du Nord, à Paris. Alors qu’elles s’embrassaient en public, l’agent leur a demandé de cesser, et aurait qualifié ce baiser d’«intolérable», selon le récit publié par All Out sur son site internet. Il aurait également ajouté que s’il s’était agi d’un couple hétérosexuel, il ne serait pas comporté de la sorte.
«Imaginez. Vous venez de passer un beau week-end avec votre moitié à Paris. Vous vous dites au revoir sur le quai de la gare : un câlin et un baiser, peut-on lire sur le site d’All Out. Vous n’allez pas vous revoir pendant longtemps. C’est alors qu’un responsable du train court vers vous pour vous demander d’arrêter et vous expliquer que ce baiser est "intolérable".»
Mirjam, l’une des deux jeunes femmes, a fait parvenir une réclamation auprès de Thalys le 18 février, deux jours après cet incident et a alerté le mouvement All Out, dont elle fait partie, sur son expérience. Résultat : une campagne en ligne exhortant Thalys à «dénoncer la réaction discriminante» de son employé a été lancée.
L’employé suspendu
Ce jeudi à 17 heures, plus de 27 000 personnes avaient signé la pétition, et la campagne a été très relayée sur les réseaux sociaux. Interpellé par plusieurs utilisateurs, notamment sur Twitter, Thalys a fini par réagir sur ce même réseau social, condamnant «fermement tous les propos et actes homophobes», et annonçant que l’employé incriminé avait été suspendu dès le signalement des faits.
Contraire aux «valeurs d’ouverture et de respect»
Contactée par Libération, Eva Mertems,porte-parole de Thalys, confirme la mise à pied de l’employé concerné. «Cette décision a été prise mercredi, avant le lancement de cette campagne. Elle fait suite au déclenchement d’une enquête interne. Cette procédure a été lancée dès que nous avons pris connaissance de la réclamation de la jeune femme. Nous ne tolérons évidemment pas ce qui s’est passé, qui est contraire à nos valeurs d’ouverture et de respect». Interrogée sur le profil de l’employé, un «personnel de quai», la porte-parole indique qu’il est «confidentiel», tout comme les risques qu’il encourt, qui dépendront des suites de l’enquête dont il fait l’objet.
«L’objectif de cette campagne, c’est de dire à cette entreprise qu’on ne peut pas faire une campagne de marketing très gay-friendly et avoir en même temps un service qui ne considère pas tous les clients de la même manière», explique Guillaume Bonnet, de All Out France. Le mouvement fait en effet allusion à la campagne publicitaire lancée par Thalys en 2013, qui mettait en scène un couple homosexuel réuni grâce au train.
«La mobilisation citoyenne est importante pour se battre contre l’homophobie ordinaire, poursuit Guillaume Bonnet. On attend maintenant de Thalys qu’ils s’engagent sur du long terme contre l’homophobie, qu’ils forment leurs employés, et pourquoi pas, que tout cela ait un impact sur d’autres grandes entreprises».
Interpellée à ce propos, la porte-parole de Thalys indique que les personnels de la compagnie font déjà l’objet de formations continues «axées sur le respect». «Cet incident nous montre qu’il faut continuer», dit-elle.
- SOURCE LIBERATION