La petite Avah est née d’un couple transgenre. Mattéo, assigné femme à la naissance et reconnu comme homme par l’état civil, a porté l’enfant sous le regard de sa compagne Victoire, née homme et reconnu aujourd’hui femme. Une situation complexe pour l’administration qui a du mal à suivre.
Mattéo est né femme, puis a fait changer son genre aux yeux de l’état civil. Il est désormais reconnu homme. Pour Victoire c’est l’inverse. Elle est née homme et a fait changer son genre en femme. Ce couple transgenre avait un rêve : devenir parents. Pour atteindre cet objectif, le couple a été prêt à tous les sacrifices. Ils ont arrêté leurs traitements hormonaux et mis en suspens leurs chirurgie pour concevoir naturellement cet enfant.
Une grossesse redoutée
Au bout de deux ans d’essais sans résultat, le couple a tenté de se tourner vers la PMA, mais elle n’est pas ouverte aux couples transgenres. Il aurait fallu que Mattéo renonce à son état civil d’homme ou qu’ils aillent à l’étranger. Alors qu’ils étaient sur le point de baisser les bras et que Mattéo allait reprendre ses traitements hormonaux, il a découvert qu’il était enceint.
Matéo a très bien vécu cette grossesse qu’il avait pourtant un peu redouté. “J’avais peur du fait d’être un homme de voir mon ventre s’arrondir. J’avais un peur au départ de ne pas supporter le regard des gens et finalement je me sentais très bien”, assure Matéo.
Une loi encore floue
Dès que la nouvelle est tombée, le couple a tenté de faire reconnaître l’enfant mais la reconnaissance pour les couples transgenres est encore très complexe. En 2016, la loi pour les personnes transgenres change. Auparavant, ils avaient obligation d’être stériles pour changer de genre au regard de l’état civil. Mais rien n’a été prévu pour la filiation des personnes et couples transgenre.
Des hommes enceints avaient déjà pu se faire reconnaître a posteriori comme père de l’enfant, mais c’est la première fois qu’un couple dont les deux membres sont transgenres se confronte au problème. Le couple a été obligé de prendre un avocat car pour l’heure, dans le livret de famille d’Avah, Mattéo est inscrit comme étant la mère, Victoire comme étant le père.
Juridiquement, un homme peut tomber enceint […] Mais derrière, la loi pour reconnaitre son enfant n’a pas été modifiée, un homme transgenre dans les textes de loi ne peut pas reconnaitre son enfant.
Victoire
Un long combat juridique va s’engager pour le couple. Victoire et Mattéo ont vécu d’autres entraves administratives : Mattéo a bénéficié d’un congé paternité (et non maternité), mais ils ne savent pas si cela sera équivalent ou non en terme de durée et d’indemnisation. Le couple a aussi dû se battre pour percevoir la prime de naissance de la Caf.
Dans ce combat administratif, le couple savoure tout de même d’avoir été médicalement très bien suivi. “J’ai été très bien accompagné par l’hôpital Jacques Coeur de Bourges. Il y avait un long suivi gynécologique avec de nombreux examens à réaliser. On a toujours été bien accueilli, l’équipe était super”, déclare Mattéo.
Un combat politique
Ce combat, ils ont accepté de le médiatiser pour aider les autres personnes qui vivent des situations similaires. “On préfère se battre et se “faire voir” pour que ça puisse changer pour d’autres pour la suite”, assure Victoire.
Ils espèrent que leur situation fasse jurisprudence pour ouvrir la voie à d’autre couples transgenre désirant avoir un enfant. Ils reçoivent sur les réseaux sociaux de nombreux messages de couples ayant des questions sur leur parcours.
SOURCE : france3-regions.francetvinfo.fr