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 d’ADHEOS

COMMUNIQUE DE PRESSE CCH
 
Un agresseur en séries, ayant sévi dans plusieurs villes, jugé à 3 ans de prison ferme à Montpellier
  
Hier, mercredi 9 juin 2010, le Tribunal Correctionnel de Montpellier a jugé M. B., âgé de 36 ans, prévenu des faits d’extorsion par violences, menace de violences ou contrainte, commis à l’encontre de 4 homosexuels de Montpellier.

 
 Les faits, survenus en octobre et novembre 2008, obéissaient systématiquement au même mode opératoire : M. B. se rendait dans des bars gays de la ville, ou se postait à proximité de ceux-ci accompagné d’un petit chien en laisse qu’il faisait mine de promener.
 
Il entrait ensuite en contact avec ses victimes, les mettait en confiance, les séduisait, n’hésitant pas parfois à mentionner quelques auteurs classiques dans la conversation.
 
Ensuite il se faisait inviter chez ces hommes, avec lesquels il avait ou pas des relations sexuelles, avant de les dépouiller sous la contrainte, et parfois sous la menace d’une arme blanche.
 
Pour impressionner ses victimes, il n’hésitait pas à faire état de son passé de taulard fraichement libéré, à montrer les scarifications qu’il porte sur le corps, à exhiber sa musculature imposante et à faire état de sa pratique de la boxe thaïe.
 
Terrorisées, les victimes étaient conduites à un distributeur de billets de banque où elles étaient sommées de retirer le maximum, avant de revenir chez elles et de livrer les plus belles pièces de leur garde-robe à leur agresseur.
 
M. B. a ainsi écumé la région de Montpellier profitant de l’impunité née de la peur et/ou de la honte de certaines de ces victimes qui n’ont pas osé porter plainte.
 
Fort heureusement, une première victime déposait plainte après des faits survenus dans la nuit du 3 au 4 octobre 2008. Le Collectif Contre l’Homophobie (CCH) lançait aussitôt un appel à témoins permettant de recueillir des témoignages d’autres victimes de Montpellier, …Nice et Dijon.
 
L’attention du CCH a été retenue par une agression particulièrement violente commise le 23 septembre 2004 à Nice ; en effet ce soir là, M.B. n’avait pas hésité, pour impressionner sa victime retenue pendant de longues heures, à se taillader les bras avec un couteau de cuisine, à se badigeonner le visage avec son propre sang avant de saccager tout l’appartement.
 
Interpellé quelques mois plus tard pour des faits similaires, il avait été condamné par le Tribunal de Nice le 28 mars 2006 à 2 ans de prison ferme.
 
Il a effectué sa peine dans plusieurs prisons de France ; en effet M.B.a été régulièrement déplacé car cet individu particulièrement dangereux avait eu l’occasion de prendre part à une mutinerie et à l’incendie de la prison de Dijon en 1996. Les services pénitentiaires veillent à ne pas le laisser trop longtemps au même endroit.
 
Ayant fini de purger sa peine à la prison de Metz, il a été libéré en septembre 2008 et s’est immédiatement rendu à Dijon, sa ville natale, où il a aussitôt récidivé le 24 septembre.
 
Il a rencontré un homosexuel autour du Lac Kir, lieu de rencontres fréquenté par les homosexuels. Il s’est fait inviter au domicile de sa victime qu’il a agressé selon le même mode opératoire.
 
C’est ensuite qu’il est venu sévir à Montpellier en octobre et décembre 2008, avant de se rendre à Paris où il aurait agressé de très nombreux homosexuels en usant de la même méthode.
 
C’est sa dernière agression commise à Paris le jour de Noël 2008 et qui a été accompagnée de la séquestration de sa victime qui a provoqué son interpellation par les services de police, et sa condamnation à 4 ans de prison ferme par le Tribunal Correctionnel de Paris.
 
C’est à cette occasion là, que les services de police forts des 4 plaintes de victimes Montpelliéraines, de la main courante de la victime Dijonnaise et du témoignage de la victime Niçoise ont réussi à le confondre.
 
Pour sa part, M.B. a catégoriquement nié les faits reprochés lors de l’enquête de police, en dépit des preuves accablantes pesant contre lui. Il était absent lors de l’audience qui a eu lieu à Montpellier ce mercredi 9 juin 2010. Actuellement détenu à la prison de Saint-Martin-de-Ré (17), il a considéré que le voyage était long et fatigant pour lui. Il a en outre refusé d’être défendu par un avocat.
 
Ce fut donc un procès pénible car le mis en cause ayant déserté, les victimes comme le tribunal n’ont pas eu droit aux explications qu’ils étaient en droit d’attendre. Cette désinvolture du mis en cause témoigne du déni dans lequel il vit en permanence.
 
Hussein Bourgi, président du CCH, est intervenu à l’audience pour dénoncer ce comportement et démontrer que M.B. « ne choisissait pas ses victimes au hasard, mais qu’il les ciblait en fonction de leur orientation sexuelle ». Ainsi, il a rappelé que le mis en cause avait déjà été condamné à 24 reprises depuis 1991 pour des faits souvent similaires.
 
Hussein Bourgi a aussi mis en exergue « le profil d’agresseur en séries, qui se comporte comme un prédateur, comme un fauve qui traque ses proies, avant de les isoler et de les agresser ».
 
Il a conclu en demandant au Tribunal Correctionnel de retenir la circonstance aggravante liée à l’orientation sexuelle des victimes.
 
La Procureure de la République est intervenue dans le même sens, mais elle a indiqué que la demande de requalification demandée par le CCH ne pouvait pas être accueillie favorablement en raison de l’absence du prévenu. Pour que la demande de requalification, qui fait encourir des sanctions plus lourdes, soit retenue il faut veiller à ce qu’elle soit signifiée au prévenu. Ce dernier étant absent, le Parquet a mis en garde contre les risques en matière de vice de forme.
 
La Procureure de la République a enfin rappelé que la peine maximale encourue était de 5 ans, et la peine plancher s’appliquant en matière de récidive était de 3 ans ; aussi elle a requis une peine de prison de 3 à 4 ans, à effectuer indépendamment de la peine que M.B.purge actuellement pour l’agression commise à Paris.
 
Le Tribunal après en avoir délibéré a condamné M.B. à 3 ans de prison ferme et à rembourser respectivement aux 3 victimes montpelliéraines : 1480€, 1150€, et 350€ de dommages intérêts pour le préjudice matériel (remboursement des sommes extorquées, des objets et vêtements volés) ; en outre chaque victime a obtenu 500€ pour son préjudice moral.
 
Ce fut un travail de très longue haleine effectué par le CCH qui a accompagné 3 des 4 victimes de Montpellier (la 4éme choquée étant retournée vivre en Belgique, son pays d’origine) et qui est en lien avec la victime de Dijon et celle de Nice (via son avocat).
 
Ce travail fut particulièrement difficile et ingrat : en effet des victimes clairement identifiées par nos soins ont catégoriquement refusé de déposer plainte ; des témoins de ces faits, des clients de ces établissements et des usagers de ces lieux de drague comme des internautes de sites communautaires tournant à la dérision les faits rapportés et se moquant des victimes.
 
Ce mépris pour les victimes et ce manque de conscience de la dangerosité de cet individu nous laissent pantois et amers.
 
Si un drame a été évité jusqu’à présent, cela relève du miracle. Aussi le CCH invite à nouveau toutes les autres victimes de cet individu à contacter l’association. Sans la coopération et l’aide du plus grand nombre, nous n’arriverons pas à neutraliser durablement cet individu….libérable dans quelques années.
 
Discrétion et anonymat garantis : collectifcontrelhomophobie@hotmail.com  
 
  • Source CCH