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 d’ADHEOS

A l’heure où la France des droits de l’homme en appelle à la fraternité, comment peut-on écarter les homosexuels des cérémonies commémoratives ?
 
C’est une polémique qu’on aurait aimé d’un autre temps. En 2015, année de la commémoration du 70e anniversaire de la libération des camps, on apprend qu’une association tourangelle représentant les homosexuels (Lesbian Gay Bi et Trans) ne peut pas s’associer à la Journée de la déportation de dimanche, à Tours (lire la NR d’hier).
 
" C’est possible… mais il faut un consensus "
 
Tout juste tolère-t-on que cette association dépose une gerbe, en catimini, lorsque toutes les autres auront déserté le monument de la place Anatole-France. Une situation intolérable pour la Licra et sa présidente, Martine Strohl : « La Licra Touraine s’insurge contre cette décision contraire aux valeurs républicaines. A l’heure où les agressions et les insultes homophobes se multiplient, la Licra Touraine condamne cette exclusion déplorable, qui ne peut que cautionner les préjugés et entretenir un climat de haine, de peur et d’intimidation. »
Pour comprendre comment une telle décision a pu être prise, revenons sur les faits. « Seules les associations dont l’objet principal est la défense et la transmission de la mémoire des déportés peuvent déposer une gerbe ce jour-là », indiquerait une directive ministérielle. « Il est possible d’y ajouter d’autres associations, à condition qu’elles fassent consensus », précise la préfecture.
Et c’est là que le bât blesse. « C’est vrai qu’au départ, nous étions partagés, analyse Paul Lévy, le président de la communauté juive de Tours, mais si une directive ministérielle donne son accord, nous sommes favorables à la participation de la LGBT à cette commémoration. » Pour l’Office national des anciens combattants, chargé de mettre sur pied la commémoration, la décision revient au préfet. « Nous sommes un service de l’Etat », explique Anne Degrieck, la directrice. « Ce n’est pas nous qui décidons du contenu des manifestations. Mais il est vrai que la présence de la LGBT s’est heurtée au refus d’une association, principalement. »
Du coup, le préfet se retranche aujourd’hui derrière la directive ministérielle pour constater l’échec d’un compromis qu’il aurait appelé de ses vœux. Seule, pour l’instant, l’UNDDIF-FNDIR ne s’est pas exprimée. C’est elle, apparemment, qui opposerait son veto à la participation de la LGBT à la commémoration de dimanche. Au prétexte, croit-on savoir, qu’en Indre-et-Loire, il n’y aurait pas eu de déportés revendiqués comme homosexuels.
Malgré plusieurs appels de notre part, il n’a pas été possible de joindre sa présidente départementale, Geneviève Dubernard.
 
De 1933 à 1945, on estime à 75.000 le nombre de victimes du nazisme en raison de leur homosexualité.