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 d’ADHEOS

Phillipe B. a été condamné, hier, par le tribunal correctionnel pour avoir commis une agression à caractère homophobe. Son avocat a plaidé l’agression simple. En vain.
 
Le grand black qui s’avance à la barre affiche un air de chien battu. Philippe B., 21 ans, d’origine congolaise, est prévenu pour avoir agressé, le 1er mai dernier, un jeune homme à la sortie d’une boîte de nuit. Une agression assez sauvage, assortie d’une circonstance aggravante : l’homophobie. Ce soir-là, Gaël et l’une de ses amies sortent de boîte. Ils croisent Philippe, passablement éméché, qui lance à l’adresse de Célia, la jeune femme : «Hé toi là ! la sale blondasse !» Elle se retourne, en colère, mais son ami Gaël lui conseille de passer outre et ils s’éloignent de l’individu énervé. Mais lui ne l’entend pas de cette oreille : il poursuit le couple et crie à Gaël : «Mais je te reconnais toi ! T’es qu’un sale pédé !» Et aussitôt, il se jette sur le jeune homme, le fait tomber au sol et le roue de coups. Côtes cassées, contusions multiples. Gaël, sous l’avalanche, se recroqueville par terre, sans répliquer. Tous les coups sont portés du même côté, ce qui prouve bien que la victime s’est bel et bien retrouvée au sol, immobile, sans pouvoir se rendre. Autour de la rixe, les copains de Philippe sont là et hurlent en chœur : «Vas-y, casse-le, ce pédé ! Crève-le, ce sale pédé !»
 
A la présidente, qui le presse de questions, Philippe B. répond de façon obséquieuse, avec des «Madame la présidente» longs comme le bras, et parfois une voix chevrotante qui se veut l’exact reflet d’une sincérité profonde. Un cinéma qui ne trompe personne tellement c’est gros. «Non, Madame la présidente, je ne l’ai jamais jugé. Je sais que c’est lui la victime. Excusez-moi, Madame la présidente, mais je vais être franc avec vous et vous dire la vérité vraie : je ne l’ai pas insulté. C’est lui qui m’a bousculé à l’épaule à cause de sa copine. C’est vrai qu’elle m’attirait, alors je l’ai appelée, c’est tout.» La présidente Gadoullet ouvre des yeux comme des soucoupes : «Et c’est pour attirer son attention que vous l’avez traitée de sale blondasse ? Curieuse façon d’entamer la conversation…» «Vous savez, Madame la présidente, quand j’ai bu, j’ai une double personnalité et pour moi, c’est pas une insulte. C’est comme pédé. C’est pareil que connard pour moi, vous voyez… C’est vrai, je m’y prends mal parfois.» Alors que rien dans le dossier ne le montre et qu’aucune audition n’en fait état, Philippe va sortir l’argument massue, qu’il pense imparable : «Vous savez, Madame la présidente, je n’ai pas la majorité des fautes : elle m’a dit : «ça te plairait que je te dise que tes ancêtres ont travaillé pour les miens ?» ça m’a pas plu, vous pouvez le comprendre, Madame la présidente.» «Ah non, pas ça ! coupe Élisabeth Gadoullet avec colère.
 
Jamais de tels propos n’ont été prononcés, et vous sortez ça du chapeau, comme par hasard, pile le jour de l’audience. Vous croyez peut-être qu’on va gober ça ?» La tentative, plutôt odieuse et peu reluisante de renverser la situation, ne va pas passer, en effet, bien au contraire. D’autant moins que le prévenu s’enfonce encore davantage quand il déclare, la bouche en cœur : «Vous savez, dans notre culture, c’est très dur de voir des gens comme ça (comme Gaël, NDLR), même si je ne veux pas juger…» Un argument qui va faire bondir le défenseur de Gaël, Me Jacques Bertrand : «Le Congo condamne peut-être l’homosexualité, mais vous, vous n’êtes pas au Congo, mais en France, dans une république qui a établi le droit à la différence et surtout le respect minimum. La loi laïque s’impose à tous.» Pour le défenseur de Philippe, il ne s’agissait que d’une agression simple. Mais l’attitude de son client à la barre ne l’a pas aidé, loin s’en faut : le caractère homophobe de l’agression, particulièrement violente, a été reconnu comme circonstance aggravante par le tribunal qui condamne le prévenu à 105 heures de TIG. Il devra en outre verser 1.000 € de dommages et intérêts à sa victime, ainsi que 450 € sur le fondement de l’article 475-1.