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 d’ADHEOS

L’incident a eu lieu mercredi soir lors du concert du chanteur à Nyon, au festival Paléo.
 
La xénophobie anti-hexagonale s’est-elle généralisée en Suisse ces derniers temps? Mardi soir, le concert de Thirty Seconds to Mars sur la plaine de l’Asse n’était qu’une prémice de ce qui allait se passer le lendemain. Quand le chanteur, Jared Leto, a pris le micro et demandé s’il y avait des Français dans le public, les spectateurs ont immédiatement crié à l’unisson: «Bouhou!» Peu de personnes concernées ont donc osé répondre à la question.
 
Huées et sifflets
 
Lors de la performance de Stromae mercredi soir, cette réaction hostile a pris une toute autre ampleur. L’artiste de 29 ans – dont le service de presse a opposé une fin de non recevoir à la sollicitation du «Matin» – a visiblement été dépassé par la situation. Sensibilisant avec humour le public à l’affront pour un Belge de l’appellation «French fries», Paul Van Haver a à son tour interrogé les spectateurs pour savoir si des frontaliers assistaient au concert. En réponse, les huées et sifflets d’une foule de près de 50 000 personnes avaient de quoi impressionner, voire faire froid dans le dos, alors qu’un groupe d’adolescents hurlait: «Bouhou les frontaliers!» ou encore «Ce sont des pédés, les frontaliers!»
 
Même s’il n’a duré que quelques secondes, cet épisode semble le symptôme d’un sentiment antifrançais renforcé et décomplexé. David Talerman, président de la société Expatwire et auteur du livre «Travailler et vivre en Suisse» chez Vitrac éditeur, constate cette évolution depuis environ un an et demi. «Sans compter que la votation du 9 février a peut-être encore plus délié les langues», réagit-il. «J’ai davantage de retours négatifs de Français travaillant et/ou habitant en Suisse. Ce sont des petites choses, des remarques, des idées reçues, des points de vue assez limites. Comme par exemple, se faire appeler «le frouze». Mais cela suffit à vous faire comprendre que vous êtes étranger. Cette stigmatisation n’est pas nouvelle, mais a grandi.»
 
Daniel Rossellat, directeur du festival et syndic de Nyon, ne fait pas la même lecture de ce dérapage. A ses yeux, il n’était pas teinté de haine. «C’est un comportement un peu chauvin proche de l’esprit des supporters de football qui est suscité par ce genre de questions des artistes. Cela aurait pu arriver pour les Genevois ou les Valaisans. Il n’y avait pas d’agressivité. C’était un public tout à fait adorable.»
 
Martine Brunschwig Graf, présidente de la Commission fédérale contre le racisme, n’était pas au concert. Mais pour elle, une telle réaction de rejet est un vrai problème. «C’est le fruit du travail de certains partis comme le MCG qui ne permet pas de vivre en bonne intelligence. La votation à Genève sur les parkings-relais en mai dernier constitue aussi clairement une expression de cette tendance anti-frontaliers», regrette-t-elle.