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 d’ADHEOS

Les élus de droite comme de gauche se sont indignés, jeudi soir, lorsque le conseiller municipal RN Grégoire Laloux a parlé de « dérive sociétale » pour dénoncer l’octroi d’une subvention à l’association Couleurs Gaies, qui lutte contre les discriminations dont sont victimes les personnes LGBT.
Il a été élu pour la première fois au conseil municipal de Metz en juin dernier, sur la liste du Rassemblement national. Jusque-là, ses premières interventions étaient timides, plutôt polies. Ce jeudi, à l’occasion de la séance organisée en visioconférence, Grégoire Laloux, 24 ans, a fait sa véritable entrée dans l’arène politique. Une entrée tonitruante, dérangeante. « Désolante », diront même certains.
 
À l’ordre du jour, le vote de subventions à plusieurs associations luttant contre les discriminations. Parmi celles-ci : Couleurs Gaies , qui mène des actions de prévention contre l’homophobie. C’est là que Grégoire Laloux intervient : « Les associations politisées communautaristes comme Couleurs Gaies continuent de bénéficier d’un bon traitement. C’était déjà le cas lors de la mandature socialiste. L’association a déjà reçu plusieurs milliers d’euros d’argent public. Sur cette thématique comme sur d’autres, on poursuit la dérive sociétale. »

 
« Honteux », « affligeant », « d’un autre temps »
 
« Dérive sociétale ». Sur son écran, le maire voit fuser les demandes d’interventions. Pierre Laurent, élu sur la liste Unis pour Metz et membre du PCF, est le premier à réagir. Il dénonce des « propos déplorables », « un spectacle affligeant », « des propos d’un autre temps. » Son colistier Jérémy Roques, lui, est décomposé : « Je ne comprends pas… Je ne comprends pas qu’à l’âge de Grégoire Laloux, l’on puisse tenir des propos comme ça. Cela me semble complètement honteux. Oui, c’est honteux de qualifier l’homosexualité de dérive sociétale. »
 
Même consternation du côté de la majorité : « Les positions du Rassemblement national me rappellent les pires époques où l’extrême droite fondait les politiques de l’Europe, ce qui nous a amenés à tant de massacres », lâche Patrick Thil, l’adjoint à la Culture.
 
Françoise Grolet, la leader du groupe RN, tente alors d’éteindre l’incendie : « Lorsque mon collègue a parlé de dérive sociétale, il ne parlait pas de l’homosexualité qui est un mode de vie qui appartient à chacun. Ce que nous avons remis en cause c’est une association qui a été hostile envers nous et qui est tombée dans ce travers politicien. »
 
« C’est le vocabulaire des homophobes »
 
« Vous vous êtes rendu compte du dérapage de votre collègue et vous tentez de le minimiser, l’accuse François Grosdidier. « Dérive sociétale », c’est le vocabulaire utilisé par tous les homophobes d’inspirations diverses. Et c’est extrêmement grave que l’on puisse associer cela à une association qui lutte contre les discriminations. »
 
« Je n’ai rien d’un nazi »
 
Puisque les élus font son procès, le maire redonne la parole à Grégoire Laloux pour lui laisser la possibilité de s’expliquer : « Je n’ai pas parlé de l’homosexualité comme une dérive. Ce qui est une dérive, c’est l’idéologie LGBT. » Il ajoute ceci, à destination de Patrick Thil : « Je n’ai rien d’un nazi. Je suis un Français, je suis un patriote et je trouve insultant qu’on me mette sur le même plan que ces barbares. »
 
Conseiller municipal délégué à la lutte contre les discriminations, Michel Vorms est invité à clore le débat : « Ce que je regrette beaucoup, c’est que malgré les générations, ces fantasmes se poursuivent. Au lieu de continuer à soutenir Jeanne d’Arc, ces gens-là feraient mieux de s’intéresser à Saint-Exupéry qui disait « Celui qui diffère de moi, loin de me léser, m’enrichit. »»