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 d’ADHEOS

Les acteurs du secteur sont divisés sur la conduite à adopter, alors que la levée de l’interdiction est prévue pour le 1er janvier 2016
 
Marisol Touraine avait annoncé en avril 2014 que les soins funéraires seraient autorisés pour les personnes atteintes du VIH ou d’une hépatite virale. Parlant pour le compte du gouvernement, la secrétaire d’État de l’époque Laurence Rossignol avait complété cette information le 6 mai 2014 devant le Sénat en indiquant que l’interdiction établie depuis un arrêté de 1998 n’existerait plus à compter du 1er janvier 2016. Selon Richard Féret, directeur général délégué de la Confédération des professionnels du funéraire et de la marbrerie (CPFM), contacté jeudi 30 octobre, le ministère de la Santé pourrait présenter les premiers textes début 2015.
 
«PAS DE SOINS SUR CE GENRE DE PERSONNES»
C’est pour peser dans les débats autour de cette question que la CPFM a publié à l’occasion de la Toussaint un communiqué de presse dans laquelle elle se dit «prête à appliquer» l’autorisation des soins de conservation. «Nous avons envoyé nos constats et nos propositions aux ministères de la Santé et de l’Intérieur, a indiqué Richard Féret à Yagg. On se conformera à la règlementation en vigueur.» En contrepartie, la CPFM demande une meilleure formation et l’instauration de règles communes aux thanatopracteurs/trices. Elle souligne par ailleurs qu’un surcoût pourrait peser sur les familles concernées car pour les défunt.e.s atteint.e.s du VIH ou d’hépatites virales, les soins ne pourront pas avoir lieu au domicile et seront réalisés exclusivement dans des lieux dédiés.
 
Une position que ne partage pas le Syndicat professionnel des thanatopracteurs indépendants et salariés (SPTIS). «Près de 55% de nos adhérents sont défavorables à la levée de l’interdiction, a précisé son président Cédric Ivanes. S’il le faut, nous ferons appel à notre droit de retrait pour ne pas effectuer de soins sur ce genre de personnes car c’est trop dangereux.» Il indique avoir fait parvenir ce lundi 3 novembre un courrier au ministère de la Santé pour être tenu informé de l’avancée des travaux.
 
«POUR TOUT CORPS MORT, IL Y A DES DANGERS»
Pour le président du SPTIS, les thanatopracteurs/trices encourent un danger avec les défunt.e.s atteint.e.s du VIH ou d’hépatites virales car ces professionnel.le.s n’utilisent pas de matériel à usage unique comme c’est le cas lors des autopsies. «Cela coûterait trop cher», selon lui. Mais ce sont justement ces pratiques que condamne Jean-Luc Romero, président d’Élus contre le sida, et favorable à la levée de l’interdiction: «Pour tout corps mort, il y a des dangers, fait-il valoir. Des thanatopracteurs/trices exercent sans formation et sans gants alors que cela implique de manipuler des produits cancérigènes comme du formol. Les personnes séropositives ne doivent pas être prises en otage. La nouvelle règlementation doit faire tomber la discrimination et permettre de réglementer la profession.»
 
Sollicité par Yagg au sujet de l’avancée de ses travaux sur la question, le ministère de la Santé n’était pas en mesure de donner de réponse pour le moment.