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 d’ADHEOS

L’égalité fiscale pour les couples mais surtout la possibilité pour les homos d’adopter l’enfant de son partenaire, ce sont les droits qui font polémique mais en faveur desquels les Slovènes pourraient voter dimanche.
 
Les Slovènes se prononcent dimanche par référendum sur une nouvelle législation de la famille rejetée par une partie des conservateurs et l’Eglise catholique, car elle reconnaît aux homosexuels presque autant de droits qu’aux couples hétérosexuels.
 
Le droit du beau-parent
Selon le nouveau Code de la famille, les partenaires du même sexe peuvent en effet obtenir «le même statut légal» réservé aux couples hétérosexuels mariés y compris en matière d’héritage. Il va plus loin aussi que de nombreux pays européens reconnaissant une forme d’union civile aux couples homosexuels en officialisant la possibilité pour l’un ou l’une d’adopter l’enfant de son ou sa partenaire, une disposition également existante en Allemagne, mais pas dans le pacs français.
 
C’est bien là que la bât blesse pour l’Eglise catholique slovène et les organisations civiles conservatrices. «Il faut rejeter la loi sur la famille car elle ne respecte pas les droits de base de l’enfant», estime Ales Primc, chef du groupe civil conservateur à l’origine de l’initiative du référendum, dans un récent entretien à l’agence de presse slovène STA. Selon lui, aucun enfant ne peut se développer correctement en dehors de la cellule familiale traditionnelle, avec une mère et un père.
 
«Bataille culturelle»
La nouvelle définition de la famille, décrite comme «un groupe comprenant au moins un enfant avec un ou deux parents, ou d’autres adultes apportant leur aide» au foyer, les fait aussi tiquer. L’archevêque de Ljubljana, Mgr Anton Stres, a dénoncé la mise sur un pied d’égalité ou presque du mariage avec un partenariat homosexuel. Et les prêtres ont même prié leurs fidèles de rejeter la loi pendant la messe du dimanche.
 
«Ce référendum est un cas typique de bataille culturelle» dont l’issue est de savoir «qui doit décider de la vie des gens», note Vlado Miheljak, professeur en psychologie sociale et politique à l’Université de Ljubljana.
 
Une centaine de foyers homoparentaux
Pour les défenseurs du texte, comme Miha Lobnik du Mouvement civil pour la loi sur la famille, la nouvelle définition de la famille, qui correspond à une formulation de l’ONU, permet «d’empêcher les discriminations» envers tous les enfants qui vivent dans un cercle familial différent du cadre traditionnel. Et surtout de s’adapter à la réalité. En Slovénie, un quart des enfants vivent par exemple dans des familles monoparentales, selon des données de l’Office des statistiques slovène publiées en juin dernier. Le nombre d’enfants vivant dans un foyer homosexuel est évalué à une centaine, selon Miha Lobnik.
 
Le texte, élaboré sous le précédent gouvernement de centre-gauche, avait été adopté par le Parlement en juin 2011 et vise avant tout à renforcer la protection de l’enfant. De nombreuses dispositions ne portent à aucune controverse, telles que l’interdiction des châtiments corporels sur les enfants.
 
60% de la population est pour
L’ancienne législation datait de 1976, quand la Slovénie, petit pays de deux millions d’habitants aujourd’hui membre de l’UE et de la zone euro, appartenait encore à la Yougoslavie communiste. Ses opposants ont toutefois réussi à réunir les 40.000 signatures permettant la tenue d’un référendum.
 
La grande majorité des partisans de la loi se retrouvent dans le camp de la gauche, mais aussi chez le petit parti libéral Ligue citoyenne de Gregor Virant, qui participe au gouvernement de coalition composé de cinq partis. Le Premier ministre conservateur, Janez Jansa, a fait savoir son opposition, sans faire activement campagne contre le texte. Selon un sondage paru vendredi dans le quotidien Delo, 60% des Slovènes sont favorable à la loi, 40% contre.