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 d’ADHEOS

La vingtième conférence internationale a débuté dans la ville australienne et réunit près de 14000 activistes, chercheurs et médecins… plus quelques VIP.
 
Dans une tribune publiée sur le Huffigton Post et intitulée «La XXe Conférence internationale sur le sida: entre espoir et discriminations», Jean-Luc Romero, président du Crips et adjoint à la maire du XIIe arrondissement de Paris, veut insister sur l’aspect mobilisateur de Melbourne 2014, tout en rappelant que de nombreux pays continuent d’interdire aux séropositifs l’accès à leur territoire.
 
Plusieurs milliers de militant.e.s, de médecins, de chercheurs se réunissent tous les deux ans, pour faire le point sur les avancées de la lutte contre le sida. Mais à chacune de ces grandes messes, on se pose la question: quelle est leur utilité? A l’heure d’internet, des réseaux sociaux, des communications par Skype et des très nombreuses réunions régionales, est-il toujours nécessaire de se déplacer en masse dans ces conférences où se faire entendre devient de plus en plus difficile? Le lieu de la conférence aussi est un point décisif: beaucoup n’ont pas pu se rendre en Australie, en raison du coût d’un tel déplacement. De plus, les grandes communications scientifiques et médicales sont désormais l’apanage de réunions plus spécialisées. Il reste aussi la question de l’indépendance de la conférence, quand plus de 60% du financement est apporté par l’industrie pharmaceutique.
 
BILL CLINTON ET BOB GELDOFF EN INVITÉS VIP
Melbourne sera bien sûr l’occasion pour de nombreuses personnalités, comme l’ancien président américain Bill Clinton ou le chanteur Bob Geldoff de venir soutenir la cause, et les bonnes paroles vont se succéder à la tribune. Si cela permet de galvaniser les participant.e.s, tant mieux. Sur le front des annonces, on ne s’attend pas à de grands bouleversements. Du côté des médicaments, l’arsenal est désormais bien garni et l’efficacité des antirétroviraux s’affirme toujours plus. La grande nouveauté est la recherche sur les antirétroviraux à action lente, qui ne nécessiteraient qu’une seule prise par mois, voire tous les trois mois. Ce n’est plus du domaine de la science-fiction, les premiers traitements de ce type sont déjà en phase de tests sur l’homme. L’Agence nationale de recherches sur le sida devrait également présenté des infos nouvelles sur le traitement préventif et l’intérêt de l’éducation des usagers de drogues afin d’éviter les risques liés à l’injection.
 
Melbourne 2014 s’ouvre sur une note sombre puisque la lutte contre le sida a perdu plusieurs de ses membres, dont Joep Lange, dans le crash de l’avion de la Malaysian Airlines.
 
BAISSE IMPORTANTE DE LA MORTALITÉ
Quelques jours avant Melbourne, Onusida, le programme des Nations Unies, annonçait une diminution importante des morts du sida en 2013 et un nombre toujours plus important de malades sous traitement. Ceci expliquant cela. Mais on peut voir aussi le verre à moitié vide: neuf millions de personnes qui auraient besoin d’un traitement n’y ont pas accès, 60% des personnes séropositives ne savent pas qu’elles le sont et plus de deux millions de nouvelles contaminations ont eu lieu l’an dernier. La mobilisation internationale, au niveau du financement, reste forte, mais insuffisante. L’action politique, elle, demeure inégale. Cela reste particulièrement vrai dans de nombreux pays en ce qui concerne les programmes destinés aux personnes les plus vulnérables. En Europe de l’Est, la répression qui frappe les usagers de drogues alimente une épidémie très active. Partout dans le monde, y compris dans les pays les plus développés, la réponse à la situation chez les gays, les trans et les travailleurs du sexe est rarement appropriée. En Afrique, la répression qui s’aggrave dans certains pays (Ouganda, Nigeria) a des conséquences directes sur les programmes de prévention et d’accès aux soins pour les Hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes.
 
Michel Sidibé, le directeur exécutif d’Onusida, évoque volontiers la fin du sida en 2030. Beaucoup ne partagent pas cet optimisme. Dans son discours d’ouverture, la codécouvreuse du VIH et présidente de l’International Aids Society, François Barré-Sinoussi, a rappelé le défi majeur que cette épidémie pose au monde: «Je dois dire ma consternation face à cette cruelle réalité: dans toutes les régions du monde, la stigmatisation et la discrimination continuent d’être les principaux obstacles à l’accès à la santé.»
 
Pour suivre la conférence, presque d’heure en heure, allez sur le site de la conférence de Melbourne: AIDS 2014.