NEWS
Les actualités
 d’ADHEOS

Dimanche soir, une milice religieuse a arrêté 10 homosexuels présumés, dans la ville sainte de Touba, au Sénégal et a exposé leur homosexualité présumée sur la place publique. Des activistes militant en faveur de la protection des personnes LGBTI recherchent une aide financière afin de pouvoir les faire exfiltrer vers les pays voisins.
 
Les arrestations ont été rondement menées par la milice religieuse Safiyatoul Amal de Touba, à l’occasion d’une cérémonie lundi, marquant l’inauguration d’un nouveau quartier général de ladite milice, qui tend à étendre sa loi et à se substituer à la police sur place.
 
A cette occasion, les miliciens ont exposé publiquement des individu.es ainsi que des objets raflés, dans le cadre d’une opération main propre visant à assainir les moeurs de la ville-sainte. Parmi les saisies, l’on dénombre : 2641 ballons de foot, 2255 robes et body, 55 tambours, 3164 paquets de tabac, 40 machettes, 30 radios, ainsi que 10 gays présumés, 16 prostituées et 18 personnes animistes.
 
6 des 10 gays présumés ont finalement été relâchés, non sans avoir subi des tortures et des maltraitances, selon un collectif local qui souhaite rester dans l’anonymat.
 
Pour pouvoir ressortir libres des cachots de la milice Safiyatoul Amal, les 6 jeunes hommes ont dû se repentir devant leurs proches et confesser une homosexualité présumée. 4 autres personnes restées maintenues en détention, l’ont été, car elles refusaient de procéder à ce type d’aveu sous la contrainte, par crainte de représailles émanant de leur famille.
 
Entre temps, un noyau d’activistes a néanmoins pu allouer une partie de ses fonds pour faire recouvrer la liberté à 3 d’entres eux, en devant toutefois s’acquitter d’une très forte amende. Pour l’heure, cependant, un homme reste toujours retenu dans les geôles des miliciens, dans des conditions décrites comme très difficiles. Quelques militants présents sur place cherchent à le faire libérer, mais ils ne disposent plus de suffisamment de fonds.
 
Au Sénégal, la pratique de l’homosexualité n’est pas acceptée, mais elle n’est pas non plus complètement illégale, bien qu’elle soit souvent fortement réprimée socialement. Toutefois, elle est interdite et criminalisée de facto à Touba, en raison de son statut de ville-sainte mouride, un courant confrérique de l’islam soufi.
 
La Grande Mosquée de Touba.
 
La milice religieuse Safiyatoul Amal dispose sur place d’un réseau d’informateurs pour traquer les homosexuels et les lieux qu’ils fréquentent. D’autre part, elle a recours à des sites de rencontre dédiés aux personnes LGBT pour piéger des hommes sur Internet, déclare un activiste présent dans la région.
 
Pendant ce temps, la rumeur continue d’enfler quant aux menaces qui pèsent sur le dernier détenu de la rafle qui refuse obstinément de confesser son orientation sexuelle présumée. La rumeur ébruitée à dessein, évoque un probable renvoi devant le procureur de la république, avec des allégations d’inculpation imminente sous le chef d’association de malfaiteurs.
 
Plus tôt cette année, 6 jeunes hommes ont déjà été condamnés pour actes « contre-nature » en vertu de l’appellation consacrée dans la législation sénégalaise, déclare un expert.
 
Actuellement, les 9 jeunes hommes libérés trouvent refuge dans un abri sécurisé, dans l’attente d’une éventuelle exfiltration vers un pays voisin, où des préparatifs sont en cours pour pouvoir les recevoir. Toutefois, un total de 840 euros est encore nécessaire pour ce faire.
 
Depuis 2018, ce collectif anonyme de défenseurs des droits humains, a déjà permis de faire exfiltrer près de 47 victimes de pogroms et d’arrestations, en lien avec leur orientation amoureuse ou leur identité de genre présumées, dans la région de Diourbel (Touba).
 
Les personnes et organisations souhaitant pouvoir apporter un concours financier aux hommes arrêtés, peuvent nous écrire à l’adresse e-mail suivante : collectiffree@gmail.com.