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 d’ADHEOS

Pour la première fois en 2021, 3 jeunes hommes s’étant livrés à une ratonnade homophobe le 28 juillet 2021 se sont vus condamner à de la prison ferme au Sénégal.

Pour 76crimes, Souleymane Diouf (pseudonyme), le porte-parole du Collectif Free du Sénégal, revient sur une récente condamnation de 3 individus ayant agressé 2 gays présumés dans la localité de Ross-Béthio, au nord du Sénégal dans la région de Saint-Louis.

Les faits.

Le 28 juillet 2021, 2 gays présumés de Ross-Béthio se sont fait bastonner par des jeunes de leur propre quartier au motif de leur orientation sexuelle alléguée. Les victimes étaient déjà l’objet de quolibets et d’injures très régulièrement, avant qu’elles ne soient prises à parti physiquement.

Contrairement à des affaires précédentes, cette fois-ci, un des jeunes molestés a eu le courage d’aller dénoncer les faits dès le lendemain et s’est rendu à la gendarmerie, en sa qualité de victime.

Une enquête a été ouverte et a abouti en plein mois d’août à la condamnation par le tribunal d’instance de Saint-Louis des 3 agresseurs.

Les peines prononcées ont été les suivantes : 1 mois de prison ferme, assorti d’une peine de prison de 2 mois avec sursis, plus une amende.

Cependant, les organisations LGBTphobes à l’instar de Jamra et de And Samm Djikko Yi sont montées au créneau afin de réclamer la libération des agresseurs.

Après de bruyantes manifestations de protestation des habitants contre ce verdict, Ababacar Mboup, le cathodique représentant du collectif And Samm Djikko Yi à l’initative d’un projet de loi visant à surpénaliser l’homosexualité au Sénégal, en mai dernier, est venu apporter son soutien aux habitants en colère, afin de dénoncer un dangereux précédent.

Souleymane Diouf, quelle est votre impression quant à ce jugement ?

Ce n’est pas la première fois que des homosexuels présumés déposent plainte pour des faits de violences et d’agressions en meute,  mais cela n’est pas toujours médiatisé. De plus, ce type de déposition donne rarement lieu à des condamnations dans des délais aussi brefs.

Il y a une volonté des médias et du pouvoir de ne pas faire grand cas des condamnations d’homophobes violents, tandis que la moindre mise en cause d’une personne dont l’homosexualité est alléguée, donne lieu immédiatement à une mise au pilori médiatique, avec une volonté de nuire et de détruire manifeste.

Par conséquent, l’on ne peut que se réjouir de la décision du tribunal de Saint-Louis que de condamner à de la prison ferme des personnes LGBTphobes. En dépit des récriminations des organisations les plus démagogues et des ligues de la vertu, les juges n’ont fait qu’appliquer le droit, puisque la justice sénégalaise s’applique également lorsque les plaignants sont des personnes LGBTI.

Par contre, l’on observe avec préoccupation que lorsqu’il y a des vidéos mettant en scène des guet-apens homophobes, les victimes sous le choc des coups et de la viralité des réseaux sociaux, ont plus de mal à aller oser déposer plainte.

Qu’en est-il du processus parlementaire visant à surpénaliser l’homosexualité au Sénégal ?

Ce qui nous inquiète le plus est l’opacité entourant ce projet de loi. Or, l’on ne connaît que trop la détermination des groupes de pression religieux au Sénégal afin qu’il y ait un traitement ferme et définitif à la question homosexuelle dans notre pays.

Ainsi, le 21 octobre dernier, Ababacar Mboup promettait de nouveau à ses partisans de nouvelles démonstrations de force sur la voie publique, afin que la surpénalisation de l’homosexualité au Sénégal puisse aboutir dans un futur proche.

Néanmoins, il ne dit mot sur ce qui est contenu dans ledit projet de loi, ce qui n’annonce rien de bon pour notre communauté, selon moi.

Les personnes et organisations souhaitant contacter le Collectif Free du Sénégal peuvent écrire à l’adresse de courriel suivante : collectiffree.urgence@gmail.com