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 d’ADHEOS

La victime assurait qu’elle avait été violée en raison notamment de son homosexualité
 
Quinze ans ferme et 50 000 € de dommages et intérêts. Dans le box des accusés, Nidhal T. craque pour la première fois. Sa femme, en larmes, le regarde s’éloigner. C’est la seule fois où l’émotion l’a étreint face à la cour. Jusqu’à présent, cet homme qualifié « d’égocentrique et manipulateur » par l’expert psychiatre était resté de marbre, évitant soigneusement de croiser le regard de celle qui l’accusait du pire.
 
L’homme de 24 ans, plusieurs fois incarcéré pour trafic de drogue et vol avec violences, a été condamné ce vendredi à 15 ans de prison ferme, par la cour d’assises de Bobigny pour le viol de Marie*.
 
A l’énoncé du verdict, la victime qui l’accusait de l’avoir violée frappée, étranglée et volée à son domicile, le 8 octobre 2017, en raison de son homosexualité, s’effondre : la cour n’a pas retenu le caractère homophobe comme circonstance aggravante, contre la requête de l’avocate générale. « Elle n’est pas déçue, juste sonnée car c’est la sortie d’un long tunnel », assure son avocat Me Stéphane Maugendre. Celui-ci estime que « le procès fera date parce que la nature de ce viol a tout de même fait l’objet de débats, et parce que la victime a fait le choix courageux qu’il n’y ait pas de huis clos. »
 
« Un macho est plus violent avec une lesbienne. »
 
« Quatre pour cent des femmes hétérosexuelles disent avoir été victimes de viol, contre 10 % des femmes lesbiennes. On ne peut pas faire semblant de ne pas comprendre », avait argumenté avec force l’avocate générale, estimant qu’un « macho est plus violent avec une lesbienne. »
 
Dans un réquisitoire marquant, la représentante du ministère public a jugé que l’agression vécue par Marie, 34 ans, dans son appartement de Saint-Ouen le 8 octobre 2017, avait pour objectif de « la détruire » et a estimé qu’il fallait aller « au bout » de la réflexion sur ces agressions dont sont victimes les femmes homosexuelles.
 
« Ah, tu kiffes les meufs ? Je vais te faire kiffer »
 
Cette nuit-là, après avoir rencontré un garçon « sympathique » place de la République à Paris, la jeune femme, qui s’est présentée comme « préférant les filles », mais finalement « séduite » par Nidhal T, rentre chez elle avec lui. Alors qu’elle change d’avis et refuse d’avoir un rapport sexuel, elle « lit soudain la haine dans ses yeux ». Avant d’entendre cette phrase : « Ah, tu kiffes les meufs ? Je vais te faire kiffer ». Suivra une heure et demie de coups et sévices sexuels durant laquelle, rapporte la victime, son agresseur « donne une sensation de maîtrise ».
 
« Il m’a punie pour trois choses : être lesbienne, ne pas avoir eu peur de le ramener chez moi et ne pas avoir eu peur de lui dire non », avait-elle déclaré à l’AFP avant l’ouverture de l’audience.
 
Lors de la première journée d’audience, Marie* a rappelé que, pendant les faits, son regard s’était posé sur sa bibliothèque. « Pendant qu’il me violait, j’ai pensé à Virginie Despentes. Je savais qu’il y avait là un exemplaire de King Kong Théorie », l’essai dans lequel l’écrivaine Virginie Despentes relate le viol qu’elle a subi et sa conséquence : « L’anéantissement. »