La Ligue de football professionnel (LFP) a lancé à l’approche du 17 mai, journée de lutte contre les LGBTphobies, sa campagne annuelle de soutien à l’inclusion dans le sport. Mais cette année, plusieurs joueurs ont affiché leur refus de porter le maillot aux couleurs arc-en-ciel du drapeau LGBT.
L’an dernier, l’absence d’Idrissa Gueye, milieu de terrain du PSG, avait fait grand bruit. À l’approche de la Journée mondiale contre l’homophobie, la transphobie et la biphobie, le footballeur s’était fait porter pâle pour un match au cours duquel les joueurs devaient porter des maillots floqués des couleurs de l’arc-en-ciel, dans le cadre de la campagne annuelle de la Ligue de football professionnel (LFP) sous le slogan “Homos ou hétéros, on porte tous le même maillot”. Le journal Le Parisien avait alors révélé qu’en fait d’indisposition, il s’agissait d’un refus motivé par des convictions religieuses”. Un an plus tard, le joueur a fait des émules puisqu’à la veille du 17 mai, pas moins de sept footballeurs lui ont emboîté le pas, dont plusieurs ouvertement, à l’occasion de la 35e journée de Ligue 1 ce dimanche 14 mai, pour laquelle les numéros des joueurs étaient colorés en arc-en-ciel afin de dénoncer l’homophobie dans le football.
À Toulouse, cinq joueurs ont ainsi été écartés du match qui opposait le TFC à Nantes, qui a aussi dû se passer d’un joueur, Mostafa Mohamed. En ligue 2, le défenseur de Guingamp, Donatien Gomis, a aussi choisi de se déclarer forfait plutôt que de porter le maillot aux couleurs du drapeau LGBT. “L’an dernier il n’y avait qu’un joueur qui avait fait ce choix, cette année il y en a davantage et si on n’agit pas, le chiffre continuera d’augmenter”, pointe auprès de têtu· Julien Pontes, porte-parole du collectif Rouge Direct, qui lutte contre les LGBTphobies dans le sport. Pour lui, la prise de position d’Idrissa Gueye en 2022 “a ouvert un droit à l’homophobie, car aucune sanction n’a été prise”.
Inclusion LGBT vs. “convictions”
L’ensemble des joueurs qui ont refusé de porter le maillot floqué d’un motif arc-en-ciel ont mis en avant des raisons personnelles, mais seuls le Toulousain Zakaria Aboukhlal et le Nantais Mostafa Mohamed se sont exprimés publiquement sur cette décision, via leurs réseaux sociaux. L’ailier du Toulouse FC écrit : “Le respect est une valeur que j’estime beaucoup. Il s’étend aux autres, mais il englobe aussi le respect de mes convictions personnelles”. L’avant-centre nantais explique également : “Vu mes racines, ma culture, l’importance des mes convictions et croyances, il n’était pas possible pour moi de participer à cette campagne”. Croyances qu’il ne précise pas plus que les “convictions” du premier.
“Fais-le au mois de décembre, fais-le au mois de ce que tu veux, je sais pas, en septembre…”
Face à cette levée de boucliers contre un simple symbole d’inclusion LGBT, Éric Roy, coach de l’équipe de Brest, a eu une idée lumineuse, relayée par RMC Sports. Jugeant “catastrophique” le moment de la campagne de la LFP, il a appelé à trouver une autre date pour ne pas léser les équipes privées de leurs joueurs aux “convictions personnelles” anti-LGBT : “Fais-le pas dans les trois derniers matchs où t’as des matchs qui sont des matchs pour la survie des clubs quoi, fais-le au mois de décembre, fais-le au mois de ce que tu veux, je sais pas, en septembre…” Bref, ils ont football, annulez le 17 mai !
Comment faire avancer le football
“Ils sont à côté de la plaque”, souffle Julien Pontes, qui rappelle : “Il y a la liberté de croyance, certes, mais il y a aussi les lois de la République, et l’homophobie n’est pas une opinion mais un délit.” Le militant associatif appelle désormais la Ligue de football professionnel à réagir – “Il faut que la LFP et les clubs mettent en place des sanctions” – mais attend aussi que le ministère des Sports agisse en ce sens.
“Il est de la responsabilité des clubs de prendre des sanctions”, a justement réagi la ministre Amélie Oudéa-Castéra sur France 2, avant de tweeter : “Dans le championnat de France de football, tout le monde devrait se retrouver derrière un message aussi simple de vivre ensemble et de non discrimination”. Pour y parvenir, Julien Pontes souligne que “la prévention, c’est toute l’année qu’elle doit être faite”. Remarquant que la campagne annuelle de la Ligue de football finit à force par ne rendre visible que “l’homophobie structurelle dans le foot”, le collectif de foot féminin Les Dégommeuses suggère également un travail de fond : “La question se pose sur la façon dont ces opérations de communication sont brandies sans véritable échange ni travail pédagogique avec les joueurs”.
SOURCE : tetu.com