Le Sénat réexaminera en mai prochain un projet de loi visant à réhabiliter les condamnations pénales pour homosexualité en France. Déposé à l’Assemblée nationale et adopté en première lecture, ce texte propose d’annuler les condamnations prononcées pour des actes homosexuels entre 1942 et 1982, date de la dépénalisation de l’homosexualité.
Les partisans de cette loi considèrent qu’elle constitue une mesure symbolique essentielle pour restaurer la dignité des personnes concernées et reconnaître les souffrances infligées par une législation discriminatoire. Comme l’explique Antoine Idier, historien et militant LGBT+, dans son ouvrage « Réprimer et réparer. Une histoire effacée de lʼhomosexualité », « Cette réhabilitation est une première étape dans la reconnaissance des torts faits à ceux qui ont été jugés sur des critères arbitraires et injustes. Cependant, il est crucial que cette démarche s’accompagne d’une réflexion plus large sur la manière dont les stigmates de cette époque continuent d’influencer la société aujourd’hui. »
Un contexte de lutte pour la reconnaissance des droits des personnes LGBT+
Ce projet de loi intervient dans un contexte où de nombreuses associations militent pour une prise de conscience collective des discriminations, passées comme présentes, envers les personnes LGBT+. Pour elles, cette réhabilitation doit aller de pair avec une révision plus globale des politiques publiques concernant les droits des personnes LGBTQ+, afin de mettre en lumière les injustices qui perdurent.
Pour Terrence Khatchadourian, secrétaire de l’association STOP homophobie, « Cette loi va dans le bon sens, mais elle reste largement insuffisante. Elle donne l’illusion d’une réconciliation tout en excluant une grande partie des personnes concernées. La répression de l’homosexualité ne s’est pas limitée à cette période, comme l’a souligné Antoine Idier, et elle ne s’est pas toujours traduite par des condamnations formelles. »
La répression de l’homosexualité a pris des formes multiples au-delà des peines judiciaires : arrestations arbitraires, internements psychiatriques, fichages policiers, exclusions professionnelles et sociales, pour ne citer que quelques exemples. Ces réalités restent largement absentes du texte actuel.
« Beaucoup ont vu leur vie brisée sans jamais avoir été condamnés. Certaines ont même été poussées au suicide. Aujourd’hui, on ne leur reconnaît toujours pas ce qu’elles ont vécu, simplement parce que cela ne correspond pas aux critères d’un texte trop limité », poursuit le militant. Il réclame une reconnaissance politique plus forte, ainsi qu’une mémoire collective élargie, qui inclut toutes les formes de répression subies par les personnes LGBT+.
Le texte sera donc réexaminé au Sénat en mai, une étape cruciale pour ce projet qui cherche à réparer une injustice longtemps ignorée.
Une victoire pour la mémoire, mais des enjeux à ne pas négliger
La réhabilitation des condamnations pour homosexualité représente une victoire symbolique importante pour la mémoire collective. Toutefois, elle ne doit pas se limiter à un geste du passé. Elle doit nourrir l’action militante en faveur d’une société plus inclusive, où les discriminations actuelles sont prises en compte. Les associations soulignent que les efforts législatifs doivent aller au-delà des symboles pour répondre aux réalités vécues par les personnes LGBT+ au quotidien.
Source : stophomophobie.com