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 d’ADHEOS

Le gouvernement de Viktor Orban impose aux femmes souhaitant recourir à l’avortement en Hongrie d’écouter au préalable les “fonctions vitales” du foetus. Un recul anti-avortement au sein même de l’Union européenne, dans un pays où les conservateurs, comme leurs pairs aux États-Unis, mènent de front cette bataille et leur lutte anti-LGBTQI+…

L’international réac a encore frappé. En Hongrie, où le Premier ministre Viktor Orban s’est déjà engagé depuis un an dans une sérieuse offensive anti-LGBTQI+, un amendement publié ce lundi 12 septembre au Journal officiel s’en prend aux femmes enceintes, imposant désormais à celles qui souhaitent avoir recours à l’avortement d’être confrontées au préalable, et “d’une manière clairement identifiable”, par leur obstétricien aux “fonctions vitales” du foetus, rapporte l’AFP.

Signé par le ministre de l’Intérieur Sandor Pinter, le décret doit entrer en vigueur jeudi, nouveau signe d’un durcissement anti-avortement en accord avec la rhétorique de Viktor Orban. Le parti d’extrême droite Mi Hazank, qui portait jusqu’ici dans l’opposition cette revendication, s’est réjoui que “les mamans écouteront désormais le rythme cardiaque foetal”“Pendant quelques secondes au moins, l’enfant d’âge fœtal pourra se faire entendre de la mère avant que l’avortement ne soit pratiqué”, a ainsi salué la députée Dora Duro sur Facebook.

Viktor Orban, leader de la réacosphère européenne

Cette décision prise “sans aucune consultation” va rendre “plus ardu l’accès à l’avortement” et “traumatisera davantage de femmes déjà en situation difficile”, a réagi auprès de l’AFP Aron Demeter, porte-parole en Hongrie de l’ONG Amnesty International qui parle d’un “recul inquiétant”. Dans ce pays d’Europe centrale, membre depuis 2007 de l’Union européenne (UE), l’IVG est légale depuis les années 1950 – jusqu’à la douzième semaine de grossesse dans la plupart des cas.

Depuis son retour au pouvoir en 2010, Viktor Orban multiplie les mesures réactionnaires, attaquant à la fois les droits des personnes LGBTQI+ et ceux des femmes. Sa formation politique, le Fidesz, évolue sous son impulsion vers une vision toujours plus conservatrice et religieuse. Ainsi, depuis l’entrée en vigueur début 2012 d’une nouvelle Constitution – qui consacrait le mariage comme uniquement possible entre un homme et une femme –, la Hongrie défend “la vie du fœtus dès sa conception”. Quelques mois plus tôt, le gouvernement avait financé une campagne contre l’avortement avec des fonds européens, ce qui avait provoqué la colère de la Commission.

L’an dernier, c’est un texte interdisant la “promotion de l’homosexualité” que Viktor Orban avait fait voter par le Parlement hongrois. De quoi lui attirer les oeillades de Donald Trump, qui a loué en début d’année son “travail remarquable”, ainsi que celles de l’extrême droite française, dont les leaders à la présidentielle 2022, Marine Le Pen et Éric Zemmour, se sont mis en quatre pour obtenir son soutien à leur campagne, se rendant tous les deux à Budapest afin de le rencontrer. Finalement, malgré les déclarations enamourées d’Éric Zemmour – “J’admire sa politique, j’admire sa résistance à l’air du temps” –, c’est sur la présidente du Rassemblement national que le réac en chef de l’Europe avait jeté son dévolu.