Cette nouvelle librairie sur internet ouvre officiellement aujourd’hui. Au programme : petits prix, livraison rapide, et surtout, plus de 200 titres destinés aux LGBT indiens.
Il y a un an jour pour jour, le 2 juillet 2009, la Haute Cour de Justice de Delhi décriminalisait l’homosexualité en Inde. Aujourd’hui, la première librairie homo indienne est inaugurée sur le web, et, même s’il ne s’agit que d’un site internet, sa créatrice n’en est pas peu fière. Shobna Kumar, une lesbienne de 42 ans, vit à Bombay. Elle qui milite depuis vingt ans pour les droits des gays et la lutte contre le SIDA s’aventure avec enthousiasme dans ce nouveau projet. «J’avais une raison égoïste de démarrer ceci, car je ne parvenais pas à accéder à ces livres» explique-t-elle. «Amazon ne les livrait pas. Je crois qu’ils n’arrivaient pas à passer les douanes car ils choquaient les sensibilités indiennes (…). Je me suis dit que d’autres personnes devaient se trouver dans la même situation que moi.»
Shobna raconte aussi que c’est un livre qui l’a aidée lorsqu’elle a découvert sa sexualité, quand elle n’osait pas en parler à ses amis et parents hétéros. Elle souhaite donc que Queer Ink s’adresse à tous les homosexuels du sous-continent. Mais surtout, la librairie ne cible pas uniquement les Indiens favorisés qui lisent en anglais. Parmi les 200 titres à petits prix déjà disponibles, nombreux sont ceux rédigés en Bengali, Marathi, Gujarati, Tamoul, et bien sûr Hindi. Cette diversité devrait aider les MSM («Men who have sex with men») qui ne font pas partie de la communauté homo, souvent urbaine, aisée et anglophone, à accéder à une culture gay dans leur langue maternelle.
Des histoires «non patriarcales»
Queer Ink commercialise donc des essais, de la fiction, de la poésie, des romans d’amour, des magazines, mais pas encore d’ouvrages érotiques. En revanche le site comprend une section «famille» et une autre «enfants», avec des histoires «non patriarcales». Shobna ajoute: «Les gays veulent voir leur vie reflétée dans des fictions. Mais je pense que les gens hésiteraient à acheter ces livres dans un magasin classique, c’est pourquoi je l’ai fait en ligne.» La nouvelle libraire songe déjà à s’improviser éditrice pour des auteurs indiens qui n’arrivent pas à publier leurs textes queer. Souhaitons-lui le même succès qu’Azaad Bazaar, une boutique online d’objets fun et gay-friendly lancée par un couple d’Indiennes en février 2009