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 d’ADHEOS

  Les deux jeunes hommes voulaient s’installer dans une aire d’accueil des gens du voyage, en mai 2019. Ils ont été violemment reçus par plusieurs hôtes du camp. Deux d’entre eux ont été condamnés pour ces violences.
 
«PD interdie » Le message, en dépit de l’orthographe, est sans ambiguïté. Il est peint sur un panneau en bois, à l’entrée d’une aire d’accueil des gens du voyage, à Issoire. Mais le couple homosexuel qui a réservé un emplacement sur ce site, mardi 7 mai 2019, n’en a cure.
 
 
J’ai pris ça pour de la rigolade. Je connais pas mal de gens dans ce camp, je suis même sorti avec certains jeunes d’ici !
 
L’un des deux jeunes hommes agressés
 
La suite est beaucoup moins comique. À peine les nouveaux arrivants ont-ils finalisé leur inscription qu’ils sont pris à partie par plusieurs hôtes de ces lieux, pas franchement ravis de leur venue.
 
"Ils ont été lynchés"
 
Les coups et les invectives du même carat que le message inscrit sur le panneau s’abattent sur eux. « Ils ont été véritablement lynchés », estime Me Marie-Brigitte Berraguas-Tessier, leur avocate. Il faut l’intervention des gendarmes pour les extraire. L’un se verra notifier deux jours d’ITT, l’autre trois jours.
 
Ils m’ont insulté, je me suis défendu », se justifie, lundi, à la barre du tribunal, l’un des deux hommes, âgé de 20 ans, poursuivis pour ces violences. Son comparse, 39 ans, parle de provocations.
 
On n’a rien contre les homos, mais la veille de leur installation, dans le camp, ils se sont embrassés devant tout le monde, devant les enfants, faut quand même du respect  L’un des prévenus
 
« Nous avons bien compris que vous n’étiez pas homophobes, mais il ne faut pas qu’ils s’installent dans votre camp… », ironise le président Charles Gouilhers.
 
« Nous sommes quand même dans un pays libre ! », se défend l’une des victimes. « Le bisou, c’est mon droit. Mais je n’ai jamais embrassé mon copain au milieu du camp, car je sais qu’il y a des aînés. On est civilisé, on ne méritait pas de prendre des coups comme ça. »
 
Peine encourue
 
"Le chemin pour accéder à la tolérance est encore long et pentu", soupire Bruno Fauh au parquet. Il rappelle la peine encourue pour « ce genre de comportement » : sept ans de prison. « Valable aussi bien place de Jaude que dans un campement de gens du voyage ! »
 
Le procureur n’ira pas jusque-là. Il requiert six mois de prison pour le plus âgé et six mois avec sursis pour le second. Le fils du premier, également poursuivi, devra s’expliquer prochainement devant le tribunal pour enfants.
« Mon client conteste sa culpabilité et affirme que son fils a frappé », modère Me Bertrand Chautard, avocat des prévenus. « Il prend ses responsabilités de père, il y a la volonté de dire la vérité. Et mon second client a eu l’honnêteté de dire qu’il a donné un coup. Si vous le condamnez, ça sera que sur ses propres aveux. »
 
Détention à domicile
 
Le premier est condamné à six mois de détention à domicile sous surveillance électronique. Le plus jeune à six mois de prison avec un sursis probatoire de deux ans, comprenant notamment 210 heures de travail d’intérêt général. Les deux devront verser près de 8.500 € chacun aux victimes au titre de préjudices divers.