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 d’ADHEOS

La cour d’assises de Paris a condamné vendredi à des peines de trois à dix ans de prison les trois hommes qui avaient séquestré et torturé un marchand d’art dans le sous-sol de sa galerie parisienne en 2014.
 
A l’issue de plus de sept heures de délibérations, Emmanuel Sadot, 47 ans, ex-gérant du sexclub The Glove et principal accusé, a été condamné le plus lourdement, à une peine de dix années de réclusion criminelle assortie d’un suivi socio-judiciaire de cinq ans, précisant qu’en cas de non observation de cette mesure la détention sera rallongée de deux ans. Douze avaient été requis contre lui.
 
Les autres accusés, entrés libres aux assises, en sont repartis menottés. Complice et ami de Sadot, Ludovic-François Jaouen, 47 ans, s’est vu infliger une peine de sept années d’emprisonnement, également assortie d’un suivi socio-judiciaire, de trois ans. Une peine plus légère que celle requise, de dix ans de réclusion criminelle. Le jeune Max Diener, 26 ans, a été condamné à trois ans d’emprisonnement.
 
L’accusation avait requis cinq ans et son avocate avait espéré du sursis pour un jeune homme en pleine reconstruction, titulaire d’un emploi stable. Les trois accusés sont restés impassibles à l’énoncé du verdict. La victime, visiblement épuisée, s’est vite éclipsée.
 
Au terme de cinq jours de procès, chacun a reconnu une part de responsabilité dans les sévices infligés à Jean-Claude Declercq, 75 ans, dans le sous-sol de sa galerie parisienne dans la nuit du 21 au 22 février 2014. Ensemble, ils ont séquestré, ligoté et dénudé le marchand d’art, attiré dans sa galerie un vendredi soir sous prétexte d’un rendez-vous d’affaires. Ils l’ont humilié, battu, badigeonné de viscères de veau sanguinolentes, lui ont infligé brûlures, claques et piqûres, avant de lui extorquer de l’argent et des bijoux.
 
Un épouvantable traquenard, que Sadot a, jusqu’au bout, présenté comme "un plan sado-maso organisé à la demande de M. Declercq", son ancien bailleur rendu "responsable" de tous ses échecs.
 
Une thèse mise à mal par les déclarations de ses coaccusés, qui ont décrit une "vengeance" ayant mal tourné, et surtout par le visionnage de vidéos de cette nuit-là. –
 
La victime y apparaît comme un vieil homme apeuré, prêt à avouer n’importe quoi à mesure que les sévices s’enchaînent, de 21H14 à 00H11. On le voit un godemiché en bouche, assis sur une tête de veau, un doigt placé dans une pince, forcé à signer une reconnaissance de dettes de 360.000 euros… "Une scène d’ignominie qui n’a d’égal que la démence de son auteur principal, Sadot", a affirmé l’avocat de M. Declercq, Olivier Levandowski. "La raison qui a poussé M. Sadot à agir, c’est l’argent, et uniquement l’argent", a-t-il insisté.
 
L’avocat de Sadot, Yves Crespin, a dépeint un "homme double, troublant par ses incohérences", mais pétri de "convictions", "épuisé par la maladie -il a le sida- et la détention". Si persuadé que son ancien bailleur a ruiné sa vie que dans ses derniers mots avant le retrait de la cour, Emmanuel Sadot, sans manifester aucun regret, a décrit M. Declercq comme "un prédateur".
 
Au contraire, Jaouen et Diener avaient renouvelé leurs excuses. Leurs avocats avaient plaidé la clémence, décrivant des parcours chaotiques. Un Jaouen "sous l’emprise de Sadot, dont la déchéance le touche", un fidèle qui croit que Declercq "a détruit la vie de son ami", selon son conseil Solange Doumic. Et un Diener de vingt ans le cadet des deux autres, présenté par l’accusation comme la "dernière roue du carrosse", qui a, selon son avocate Christelle Gass, été incapable "d’arrêter la dynamique de groupe", mais assume son rôle. "Je dois être condamné", avait-il dit à l’audience.