Trois hommes qui avaient enlevé, torturé et humilié un garçon avant de l’abandonner en plein champ ont écopé hier de lourdes peines de prison. Le récit de leurs exactions fait froid dans le dos.
C’est une terrible affaire dont Le Parisien relate aujourd’hui l’aboutissement judiciaire. Trois hommes ont été condamnés mercredi à Meaux à de la prison ferme, de six mois à trois ans, pour avoir enlevé, torturé et abandonné en plein champ un jeune gay. Ils avaient été mis en examen en mars 2008 (lire article).
Imagination sadique
Le récit des méfaits de cette «équipée sauvage», comme l’a désignée la présidente du tribunal correctionnel, est difficilement soutenable. Les trois garçons se trouvent le 8 décembre 2007 au Hurricanes, la boîte de nuit de Disney Village. Ils y rencontrent Sébastien, un styliste de 29 ans qui flirte avec celui qui deviendra quelques heures plus tard l’un de ses plus violents bourreaux.
Alors qu’il pense poursuivre la soirée dans un hôtel, Sébastien s’engouffre dans la voiture des trois individus.
A partir de cet instant, le cauchemar commence; il durera cinq heures et demie. Le véhicule s’arrête en plein champ, du côté de l’Oise. Le jeune homme est d’abord dépouillé de ses cartes bancaires. Puis viennent les humiliations dont le caractère homophobe n’est pour une fois pas remis en cause: il est obligé de se déshabiller, se retrouve en slip dans le coffre de la voiture, aspergé d’huile, qu’on lui fait prendre pour de l’essence, puis brûlé avec une cigarette.
«Les pédales comme toi, on les brûle» entend-il. L’imagination sordide et sadique des trois tortionnaires est fertile: Sébastien, à genoux, doit s’excuser d’être gay, puis maintenu comme en laisse avec une écharpe, il est contraint de se traîner dans la boue. Il est ensuite abandonné sur place.
«C’est dur, ce n’est pas effacé»
Sébastien n’a pas voulu assister à l’audience et revoir ses bourreaux. «C’est dur, ce n’est pas effacé» expliquent ses parents, présents au tribunal, au Parisien. Du côté des prévenus, on se victimise, on se renvoie la balle. «Je venais de perdre ma mère» explique l’un d’eux. «Je l’ai insulté, je l’ai tapé, mais c’est Hichem qui lui a arraché son jean» poursuit-il. Cet Hichem qui avait engagé le flirt avec Sébastien dans la boîte de nuit, est aussi celui qui a mis en scène la fausse immolation.
Ces deux-là ont été condamnés à quatre ans de prison, dont trois ferme. Le troisième homme, qui s’est contenté d’assister à la scène et d’en rire, écope de deux ans de prison, dont dix-huit mois ferme. Le parquet avait requis jusqu’à cinq ans de prison, pour la «vie brisée» de Sébastien