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 d’ADHEOS

David Norris, actuellement sénateur en Irlande, était candidat pour l’élection présidentielle d’octobre. Très populaire et en tête des sondages, il a dû jeter l’éponge aujourd’hui, rattrapé par des déclarations embarrassantes.
 
David Norris, sénateur ouvertement homo, avait de fortes chances de remporter l’élection présidentielle organisée cet automne en Irlande. Mais son accession à la tête de l’Etat est désormais exclue, après une succession de révélations embarrassantes qui l’ont poussé aujourd’hui à annoncer la fin de sa campagne.
 
 
La dernière affaire remonte à ce week-end, lorsqu’une lettre datée de 1997 refait surface sur le web et dans la presse. Dans ce courrier destiné à la justice israélienne, David Norris demande la clémence pour son ex-compagnon, Ezra Yizhak Nawi, jugé pour viol sur un mineur palestinien de 15 ans.
 
Bloggeur londonien
A l’origine de cette révélation, un blogueur londonien d’origine irlandaise, John Connolly, qui dit avoir enquêté sur cette lettre «après avoir été alerté par un ancien ami d’Irlande». Le jeune homme, âgé de 22 ans, se décrit comme pro-israélien et affirme que ses motivations concernent surtout les critiques de David Norris contre Israël. De nombreux internautes ont d’ailleurs cru voir l’ombre de l’Etat hébreu derrière ces révélations, poussant l’ambassade d’Israël à démentir toute implication.
 
De leur côté, le Parti travailliste et son candidat Michael D. Higgins ont eu aussi à nier tout rapport avec l’affaire. John Connolly avait en effet reconnu que son ami irlandais était en fait un de leurs partisans et qu’«il avait peut-être en tête de mettre Norris hors-jeu au profit d’Higgins». Le candidat travailliste a aussitôt réfuté tout lien: «Je peux vous dire que ce n’est personne dans ma campagne ou associé à moi. Je n’approuve ni ne tolère cette façon de faire de la politique.»
 
Les soutiens fondent

Ce n’est pas le premier faux-pas de David Norris à refaire surface dans les médias depuis que le sénateur est parti en campagne. Récemment, une émission de radio avait exhumé une interview accordée en 2002 au magazine Magill. Norris disait n’éprouver «aucune attirance envers des enfants (…) mais quand on parle de pédophilie dans l’Antiquité, quand un homme plus âgé emmène un homme plus jeune vers l’âge adulte, là, on peut discuter». Il poursuivait en affirmant qu’«en étant plus jeune, j’aurais vraiment apprécié qu’un homme plus mûr, plus âgé et séduisant me prenne sous son aile et m’enseigne avec tendresse ce qu’est la sexualité». Le sénateur a eu beau réagir en affirmant que ces mots avaient été extraits de leur contexte, le mal était fait.
 
Après toutes ses révélations, David Norris a vu fondre le nombre de ses supporteurs, y compris dans ses rangs. Sa directrice de communication et son directeur de campagne ont démissionné, alors qu’ils étaient acquis à sa cause depuis plusieurs années. Le créateur de la page officielle Facebook a aussi renoncé à soutenir le candidat plus longtemps, en affirmant que «ces révélations avaient ébranlé le crédit que je porte aux opinions du sénateur».
 
Adieux publics
Quelques fidèles ont continué cependant à soutenir Norris. Maureen O’Sullivan, une députée indépendante, a même déclaré à la radio que «Norris est pris pour cible depuis le début de sa campagne, et cela d’une horrible façon. Certains ont même monté une campagne contre lui». Mais pour être candidat aux élections présidentielles qui auront lieux le 27 octobre prochain, il fallait être soutenu par au moins 20 parlementaires.
 
Tâche désormais quasi-impossible pour le sénateur qui a publié aujourd’hui sur son site de campagne un billet en forme d’adieu «Je ne regrette pas d’avoir soutenu un ami et demandé la clémence pour lui, mais je regrette d’avoir donné l’impression que je n’avais pas de compassion pour la victime de Ezra. Quinze ans plus tard, je vois que j’avais tort» explique le sénateur, avant d’ajouter: «J’ai démontré qu’il est désormais possible pour une personne homo d’être considéré comme un candidat viable à la plus haute fonction de l’Etat. J’aurais aimé avoir l’occasion comme président de l’Irlande d’étendre cela au service du peuple tout entier mais ce n’est désormais plus possible».