NEWS
Les actualités
 d’ADHEOS

Un temps menacée d’interdiction, la Marche LGBT de Bourgogne, première du nom, aura finalement lieu ce samedi, grâce, notamment, à l’obstination de la Coordination interpride France. Récit.
 
In extremis, la municipalité socialiste d’Auxerre et la préfecture ont accepté de revenir sur l’annulation de la lesbian & gay pride de la ville bourguignonne. Ce qui aurait été du jamais-vu en France depuis longtemps ne se produira pas, et la Marche aura bien lieu, ce samedi. Mais ça n’a été qu’au prix d’une négociation intense de la part des militants…
 
Menaces du FN
Philippe Durand, le président de l’association Agir contre les discriminations, avait appris la nouvelle par téléphone, mercredi 20 juin au matin, de la bouche du directeur de la communication de la ville d’Auxerre: la Marche des fiertés est annulée. Une décision rapidement confirmée par courriel: «Après l’envoi de votre dossier en préfecture, la préfecture et la ville ont examiné les détails de votre dernière organisation. Ce dossier prévoyait deux étapes distinctes: un défilé dans les rues de la ville (Migraines-maison des syndicats) ce samedi après-midi et une soirée à Auxerrexpo comprenant un concert et l’installation de stands réservés à des associations. La ville émet un avis favorable pour la soirée à Auxerrexpo. En revanche, elle n’autorise pas le défilé (pour des raisons techniques liées à la mobilisation de nos moyens matériels et humains sur la fête et de la musique, ainsi que pour des questions relevant de la sécurité publique sur le parcours choisi)».
 
Quid des menaces publiques proférées par le responsable local du FN le 9 mars dernier qui se disait prêt à s’opposer physiquement à la gay pride? On peut évidemment en deviner l’effet derrière «les questions relevant de la sécurité publique». Mais, même si cela constituait «un des éléments du contexte», ces menaces, a assuré Christian Sautier, ne sauraient être le facteur déterminant de cette interdiction.
 
Renoncement zéro
Le responsable de la communication réfute également par avance le procès en frilosité à l’égard des revendications LGBT que certains pourraient vouloir intenter à la municipalité PS et son maire, Guy Ferez – qui vient d’être battu aux dernières élections législatives par son concurrent UMP, avec le soutien affiché du Front national local. Guy Ferez aurait ainsi notamment payé, selon son dir’com, ses prises de position en faveur de l’ouverture du mariage aux homos, et il aurait d’ailleurs tout fait pour aider l’association à faire en sorte que, malgré l’interdiction du défilé, le village associatif et la soirée festive prévus à Auxerrexpo soient, eux, maintenus.
 
Si les organisateurs en ont «pris acte», la Coordination Interpride France (CIF), alertée, n’a pas voulu l’entendre de cette oreille. Pas question de renoncer à la marche pour des problèmes d’organisation et donner ainsi l’impression de céder aux menaces du FN. «Nous ne voulions pas de précédent de ce type-là: l’annulation d’une pride pour des questions de sécurité dont on ne comprend pas les raisons» indique le président de la CIF, Stéphane Corbin.
 
Changement de trajectoire
Aussi ce dernier a-t-il immédiatement pris son téléphone pour contacter le cabinet du maire d’Auxerre et «trouver une solution» en proposant le savoir-faire du CIF. Et il a obtenu gain de cause. En lien avec l’association locale, un accord a été trouvé sur un parcours avec le directeur de cabinet du maire et la préfecture de l’Yonne. La marche partira finalement à 16h du rond-point de la porte de Paris pour rejoindre le boulevard du 11-Novembre, via, notamment, la piétonnière rue du Temple (photo), principale artère commerçante de la ville, passant outre le véto mis par les commerçants eux-mêmes au passage de la pride à cet endroit. Une victoire supplémentaire que savoure Stéphane Corbin, qui se rendra en personne sur place pour finaliser l’organisation de la marche, avec, en substance, le message suivant à destination des participants: «Vous êtes contents d’être là. Alors, l’an prochain, il va falloir que chacun y mette du sien pour aider Agir Contre les Discriminations à organiser la Marche 2013.»
 
Au terme de ces péripéties, gageons qu’un temps réticente, la municipalité de Guy Ferez ne devrait pas regretter que la marche auxerroise ait finalement lieu, tant son annulation aurait pu sonner, pour le candidat malheureux aux législatives, comme une seconde défaite face au Front national.