Deux mille personnes ont défilé dimanche dans les rues de la ville profitant ainsi du climat plus tolérant qui tend à s’installer en Inde. Même si tout n’est pas encore rose.
Les rues de New Dehli ont accueilli dimanche 2000 personnes à l’occasion de la première gay pride organisée depuis juillet 2009, date de la décriminilisation de l’homosexualité en Inde. Le trafic était interrompu dans le quartier de Jantar Mantar, centre névralgique de la ville, afin de laisser la voie libre aux danses et chants accompagnant la marche. Automobilistes et passants ont ainsi pu admirer ces milliers de personnes fières de pouvoir défiler librement en Inde. Un grand drapeau gay était porté par une partie des manifestants dont l’objectif n’était pas de demander davantage de droits mais surtout plus de tolérance au sein la société.
La roupie rose
Depuis juillet 2009, l’homosexualité n’est plus punie par la loi en Inde (lire article) mais le pays reste conservateur. Voir un couple – même hétérosexuel – se tenir la main n’est pas si courant. Ainsi, sous la pression sociale et familiale, beaucoup de gays et de lesbiennes n’assument pas leur homosexualité malgré cette grande avancée juridique. Les Indiens préfèrent rester prudents avec la société comme l’explique Saurabh Gaur, un hétéro venu soutenir un ami homo lors de la gay pride : «aujourd’hui les jeunes acceptent l’homosexualité mais je pense qu’il faudra encore dix ans à la société entière pour y arriver».
Troisième gay pride indienne, l’édition 2010 avait pour la première fois des airs réellement festifs. D’après un participant, «l’année dernière on protestait alors que maintenant il s’agit de célébrer. Une seule année s’est écoulée mais elle était primordiale». En plus de la dépénalisation de l’homosexualité, une vie LGBT a commencé à se développer dans les grandes villes (lire article): des bars et librairies gay-friendly ont ouvert leurs portes et le magazine Fun a vu le jour (lire notre portrait du prince indien qui a créé ce magazine). Mais s’il s’agit pour les entrepreneurs de tirer profit de la «roupie rose», cela a une toute autre valeur pour les homosexuels indiens qui luttent pour faire concrètement partie de la société indienne. C’était d’ailleurs le message d’un organisateur de la gay pride: «Nous comme gays et fiers de l’être, nous ne partirons pas, nous faisons partie de la société».