Loi contre l’homosexualité, contre l’IVG ou contre les bordels. Cette semaine, notre experte sexo Sophie Bramly se penche sur un certain nombre de lois visant à réglementer notre sexualité et sur ce qu’elles révèlent de ceux qui les mettent en place.
Pourquoi interdit-on ? Très récemment, Vladimir Poutine a signé une loi interdisant aux Russes toute promotion de l’homosexualité. Une personne, y compris étrangère, qui viendrait à parler de l’homosexualité, à afficher ouvertement ses préférences, à avoir un drapeau gay et lesbien, est passible d’une amende d’environ 4 500€ et, pour les touristes, une expulsion du pays dans les 14 jours qui suivent. En mai dernier, une loi similaire était promulguée au Nigeria. Au Texas, le Sénat vient d’adopter une loi interdisant l’IVG, comme 26 autres États américains. Toutes les lois répressives ne poursuivent pas nécessairement le but d’éloigner le peuple de potentiels dangers. Souvent, c’est l’initiateur de la loi qui cherche avant tout à se protéger de ses propres démons…
La presse américaine relatait il y a peu l’affaire d’un homme qui dirigeait depuis de nombreuses années une association pour « rééduquer » les homosexuels et les faire « rentrer dans le droit chemin ». Il était en réalité homosexuel lui-même et ne trouvait son équilibre qu’en essayant de le cacher aux autres.
Ces dernières années, une quinzaine d’affaires similaires ont été révélées autour d’activistes américains homophobes, qui se sont révélés être également homosexuels. Le procureur Général Troy King, qui souhaitait interdire l’usage des sextoys aux U.S. et voulait faire porter un bracelet électronique à tous ceux qui avaient été accusés d’agressions sexuelles avait en réalité une sexualité moins sage qu’il ne l’aurait voulu.
En France, Marthe Richard est un exemple classique de ce type de comportement. D’origine modeste, elle se prostituait dans un élégant bordel parisien. Comme dans les contes de fées, un riche industriel est tombé fou amoureux d’elle et l’a épousée. Pour mieux lui plaire, et rentrer pleinement dans sa nouvelle vie de bourgeoise, elle a cherché à tout prix à être effacée du fichier de la police qui recensait les prostituées. Parce que la tâche s’est révélée impossible, elle s’est engagée en politique dans un combat global contre les maisons closes, n’hésitant pas à user des cordes les plus sensibles : les bordels auraient collaboré avec les nazis pendant la Second Guerre mondiale. La loi, qui porte son nom, a été votée en 1946, ce qui outre la fermeture de plus d’un millier d’établissements, a également permis d’enfin détruire ce fameux fichier des prostituées de France.
La sexualité est un domaine à part. Parce qu’elle est du domaine de l’intime, il n’y a pas de véritable référant pour établir des lois et guider des peuples. Politiques, scientifiques, religieux, tous ceux qui dans l’Histoire ont voulu réglementer les comportements sexuels sont – pour la plupart – partis de leurs expériences personnelles, seul référant pour imaginer celles des autres. Selon qu’elles sont vécues avec le poids de la culpabilité ou la grâce du plaisir elles donnent généralement lieu à des lois plus ou moins permissives. Dans une heureuse symétrie, nombreux sont ceux et celles qui, partant de leurs pratiques épanouies dont ils connaissent les bienfaits et vertus, font plier les législations vers un peu de liberté…
- source terrafemina.com