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 d’ADHEOS

 Pour ceux qui suivent LPN depuis ses débuts, vous savez que, en ce qui concerne les droits des homosexuels au bled, ce blog a toujours était aux premiers rangs de ceux qui prônent l’ouverture et donc l’acceptation pleine et complète du fait homosexuel.
 
Cette démarche que certains qualifieraient de dangereuse quand d’autres parleraient de contribution citoyenne ou humaniste n’a rien de désintéresser. Au contraire le but est de démystifier un sujet de société afin que les blédards dépassent leur craintes, espoirs et illusions et s’attaquent aux vrais défis du bled… ce que l’homosexualité n’est pas.
 
Le titre étrange de ce billet est en faite une réponse au billet de Théophile Kouamouo qui se demandait si l’homosexualité rendait fou les camerounais. Sauf qu’à mon grand regret, si le billet pose de bonnes questions, il s’enferme dans une démarche spirituelle qui est certes originale, mais qui ne répond pas, à mes yeux, aux vrais enjeux que l’on retrouve au Cameroun mais pas seulement.
 
Cher Kouamouo, si tu lis ces quelques lignes (je me permet de te tutoyer ), je pense avoir un début de réponse à ta question. Bien sûr ma thèse vaut ce qu’elle vaut et tout le monde est libre d’y adhérer, de la contester voire de proposer mieux.
La source de la folie passagère de certains africains au regard de la question sexuelle est que, au bled, mais pas seulement, nous avons la fâcheuse manie de traiter nos problèmes en utilisant un ou plusieurs référentielles (culturels, religieux, d’ordre traditionnel et/ou coutumier) qui nous semble être les plus adéquats mais qui ne sont pas toujours les mieux indiquer pour résoudre le problème, surtout si celui-ci se pose ou se repose régulièrement avec des implications chaque fois inattendues voire originales.
 
Pour mieux me faire comprendre je vais prendre un exemple très simple que l’on retrouve dans pas mal de bled. Lorsqu’une personne importante meure, dans certaines familles on a tendance à blâmer les esprits malins, le mauvais œil, un parent jaloux voire le sorcier du village. Ce type d’assertion généralement arrange tous le monde, pour la succession, pour l’image du défunt, et pour d’autres aspects que j’oublie sans doute ici. Alors que dans la plupart des cas, les proches ont en leur possession un dossier médical parfois des plus accablant pour le défunt.
Ce que je veux dire par là c’est qu’il est plus profitable à l’heure actuelle aux politiques mais également à la société civile de botter en touche la question de l’homosexualité en l’interdisant sous tous les prétextes possibles et imaginables voire farfelues comme le respect des traditions, des religions, de l’ordre naturel que de vraiment aborder les questions de fond que poseraient ou non une légalisation et/ou dépénalisation plus élargies des penchants sexuels entre personnes adultes consentantes.
 
Le jour où l’on pourra voir au de là de cette zone de confort on pourra enfin débattre sereinement sur la justesse du combat et sur la pertinence ou non de faire évoluer le statut de l’homosexuel au bled. Ce débat mérite une discussion profonde et sincère qui dépasse les convictions politiques et religieuses de chacun ce qui, à terme, bénéficiera à la nation toute entière.
 
Lorsque ce débat aura finalement lieu, Il faudra de toute façon garder à l’esprit trois choses très importantes:
  1. Là où l’homosexualité a été légalisée. Cette légalisation aboutit toujours à la remise en question d’un certains nombres de valeurs et de positionnements du pays. Car une fois que la question de la reconnaissance pleine et entière des homosexuels est réglée, se pose ensuite le problème de leur mariage puis celui de leur droit à l’adoption… peut-être pas dans cette ordre mais ces questions aussi se poseront, tôt ou tard. Faudra-t-il aborder c’est 3 aspects en même temps ou faire comme les autres et procéder par étape ?
  2. L’acceptation des homosexuels et de leurs comportements, c’est également l’acceptation éclatante de la liberté de chacun de pouvoir exprimer ses opinions politiques, ses penchants religieux ou ses orientations sexuelles. C’est reconnaître l’égalité de traitement entre individus de sexes différents comme entre personnes du même sexe. Cela demande donc également l’acceptation pleine et entière des droits des femmes et de leur égalité vis à vis des hommes, dans tous les secteurs de la société. En quelque sorte c’est l’acceptation d’un pluralisme politique et sociétale, ce qui n’est pas évident dans certains coins du bled.
  3. Le refus de l’homosexualité, par contre, pénalisera directement l’économie de nos sociétés, non via les sanctions possibles venus de l’extérieur mais surtout par le fait même de notre choix de société, j’ai déjà développé cet argumentaire dans un autre billet que je vous invite à relire.
 
Le blédard et ses dirigeants ne sont pas donc si fous que cela. Ils se rendent tout simplement compte que la question homosexuel qui n’est qu’un prétexte a des conséquences importantes sur les repères sociétales et sur la tenu du bled. D’où les discours parfois tranchés (que tu qualifies de fous) qui sont les reflets d’une politique de l’autruche et d’une schizophrénie que veut inscrire le bled dans la modernité tout en essayant de préserver au maximum des normes morales qui sont de toute façon vouer à évoluer avec le temps et avec la société, parce que justement ce ne sont que des normes.
 
Quoique l’on dise, que l’on soit pour ou contre l’homosexualité, ce changement d’attitude n’est pas la fin du bled en soit, ce n’est juste qu’une étape vers une reconstruction économique du bled, pour les blédards, en impliquant tous les blédards disponibles, où qu’ils se trouvent et ceux quelque soit leur orientations sexuelles.