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 d’ADHEOS

Que faudra-t-il pour que l’Australie sorte de l’impasse ? Même l’intervention de Kylie Minogue n’a rien changé. La chanteuse, très populaire dans son pays, a annoncé début octobre qu’elle ne se marierait pas en Australie avec son fiancé britannique, Joshua Sasse, tant que le mariage homosexuel ne serait pas autorisé. Depuis une dizaine d’années, ce débat revient régulièrement sur l’île-continent. Mais rebondissement après rebondissement, la loi reste la même, et le mariage est toujours défini comme l’union entre un homme et une femme.
 
"l’Australie fut l’un des premiers pays à accorder le droit de vote aux femmes, et maintenant nous sommes à la traîne. » Alan Joyce, PDG de la compagnie aérienne Qantas.
 
Dans les sondages pourtant, les Australiens se prononcent depuis plusieurs années majoritairement en faveur du mariage pour tous. Cela va de 60% à 70 % des personnes interrogées, selon les enquêtes d’opinion. Des dizaines d’entreprises, parmi les plus grandes du pays, ont pris part au débat pour proclamer leur soutien au mariage homosexuel. C’est le cas de la compagnie aérienne australienne Qantas, dont le PDG, Alan Joyce, est gay. Il posait le 8 octobre en « une » du quotidien conservateur The Australian et redisait l’importance pour lui d’une légalisation du mariage pour tous. Tous les pays anglophones en Occident l’ont autorisé sauf l’Australie, souligne-t-il. « Ce fut l’un des premiers pays à accorder le droit de vote aux femmes [en 1901], et maintenant nous sommes à la traîne. » Ce n’est pas le premier ministre qui le contredira : Malcolm Turnbull est de longue date un défenseur du mariage pour tous.
 
Après l’arrivée de ce libéral à la tête du gouvernement, en septembre 2015, tous les astres semblaient alignés. Mais il a dû faire des concessions pour être réélu en juillet dernier et rester le chef de la coalition conservatrice au pouvoir. Pendant la campagne, en tête de ses promesses, figurait bien la légalisation du mariage homosexuel. Pour satisfaire ses collègues conservateurs, il s’est cependant engagé à consulter les Australiens avant un vote au Parlement. Le 11 février 2017 aurait dû avoir lieu un « plébiscite », c’est-à-dire un référendum consultatif auprès des électeurs, non contraignant pour les parlementaires.
 
Le référendum aux oubliettes
 
Mais ce 11 octobre, les travaillistes, pourtant de fervents partisans du mariage homosexuel, se sont opposés officiellement à ce plébiscite. C’est de l’argent public gaspillé et cela risque de libérer la parole homophobe, a soutenu Bill Shorten, chef du Labor. « Ce pays n’a pas le droit de juger les mariages et les relations de nos compatriotes. (…) Ce n’est pas ça l’Australie », a-t-il déclaré. Le plébiscite devrait donc être bloqué au Sénat et tomber dans les oubliettes. Les travaillistes, eux, voudraient voter directement au Parlement… ce que refuse le premier ministre pour ne pas déplaire aux conservateurs. Il faudra alors attendre trois ans, et un nouveau gouvernement, pour que les homosexuels puissent se dire « oui ».
 
Convaincue par les arguments de Bill Shorten, une grande partie de la communauté gay s’est également prononcée contre ce plébiscite, allant jusqu’à célébrer le probable enterrement de la consultation populaire. « We can wait », affirment-ils. Et de fait, ils ont appris à patienter. En octobre 2013, déjà, l’assemblée législative du Territoire de Canberra avait autorisé le mariage gay. Plusieurs couples avaient scellé leur union. Mais le gouvernement fédéral avait immédiatement saisi la justice et ces unions avaient été annulées.