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 d’ADHEOS

En Pologne, les législatives de dimanche ont fait souffler un vent progressiste sur la politique. Les Polonais ont élu un député gay et une députée trans lors d’un scrutin qui a vu un parti ouvertement anticlérical devenir la troisième force politique du pays.
  
Dimanche dernier, les élections législatives en Pologne ont créé la surprise. Et à plus d’un titre. Alors que le parti ouvertement anticlérical et gay-friendly du milliardaire excentrique Janusz Palikot s’est classé troisième du scrutin, la trans Anna Grodzka et le gay Robert Biedroń ont décroché chacun un siège de député. Une première dans un pays à 90% catholique.

  
Créé il y a moins d’un an par Janusz Palikot, philosophe de formation et riche homme d’affaires de 46 ans volontairement provocateur, le «Mouvement de Palikot» s’en prend aux tabous de la vie politique et sociale polonaise et réclame notamment l’abandon du financement de l’Eglise par l’Etat et la suppression des cours de catéchisme dans les écoles publiques. Il demande aussi l’égalité des salaires entre hommes et femmes et la légalisation des drogues douces. En ce qui concerne les LGBT, le Mouvement propose des mariages entre homosexuels avec la possibilité d’adoption de l’enfant biologique d’un des parents, la libéralisation de l’avortement actuellement interdit en Pologne et la fécondation in vitro gratuite.
 
Première députée trans de Pologne
Sur ses listes électorales pour les élections législatives, Janusz Palikot a placé des inconnus du grand public, mis à part quelques personnalités du mouvement gay et des mouvements pour les droits de femmes. Cela a semblé suffisant pour les plus de 10% des Polonais qui ont voté pour son mouvement.
 
Parmi les candidats qui se sont présentés sur les listes du Mouvement de Palikot: Anna Grodzka. A l’issue des élections, cette femme de 57 ans est devenue la première députée trans de Pologne. Présidente de la fondation Trans-Fuzja, Anna Grodzka se présentait à Cracovie, dans le sud du pays, ancien fief du pape Jean Paul II. «Je suis très, très heureuse. C’est un rêve de ma vie qui se réalise aujourd’hui et une nouvelle étape qui s’ouvre», a-t-elle déclaré. Née à Otwock près de Varsovie, elle témoigne: «Je me suis engagée dans une vie de couple traditionnelle. Dans ce mariage, j’ai été le père d’un fils qui est déjà adulte». Mais «il y a vingt ans, j’ai été diagnostiquée comme étant une femme et on m’a proposé de changer de sexe. Désormais, je vis seule», explique-t-elle.
 
L’Espagne, un modèle
Quant à son programme de députée, Anna Grodzk affirme qu’elle va «continuer à faire ce que je faisais jusqu’à présent, c’est-à-dire lutter pour les droits des personnes trans, mais du haut d’une autre tribune». Une fois au Parlement, sa priorité sera également de proposer une loi sur le changement de sexe. «Pourquoi dans un pays aussi catholique que l’Espagne peut-il y avoir une loi de ce genre, et pas en Pologne ?», s’interroge cette femme qui se dit «athée depuis toujours».
 
Autre vainqueur de ce scrutin: Robert Biedroń, élu dans à Gdynia, sur la côte sud de la mer Baltique, qui, lui aussi, porte les couleurs du Mouvement de Palikot. Fervent défenseur de la cause LGBT et de la lutte contre l’homophobie, Robert Biedroń est le premier député ouvertement gay du pays. Il avait déjà brigué un mandat de député en 2005 en tant que membre de l’Alliance de la gauche démocratique de Pologne mais n’avait pas remporté l’élection. «Aujourd’hui, la Pologne vit des changements. La preuve c’est moi, ainsi que Robert Biedroń», conclut Anna Grodzk.