Les organisateurs de la Pride souhaitent que le défilé passe par le Vieux Lyon, quartier où l’extrême droite est très implantée. Refus de la préfecture pour « des raisons de sécurité ».
À 48 heures de la Marche des fiertés de Lyon, prévue le 17 juin, le parcours officiel n’a toujours pas été arrêté. Les organisateurs, l’association Lesbian and Gay Pride de Lyon, veulent que le défilé passe cette année par le Ve arrondissement de la ville, le Vieux Lyon, aussi réputé pour être le QG de militants d’extrême droite. La préfecture du Rhône a refusé ce tracé pour des “raisons de sécurité” et a demandé à l’association de redéfinir un nouveau parcours. Refus que la préfecture, contactée par TÊTU, justifie par l’impossibilité de garantir la sécurité des participants dans un espace géographique très exiguë :
Les quais sont trop étroits et les rues sont toutes petites, les pompiers arriveront en retard quoi qu’il se passe. On a derrière nous la menace terroriste mais ça peut être aussi autre chose : une insolation, des malaises…
Pour les organisateurs, la pilule a beaucoup de mal à passer. L’argument sécuritaire n’est pas réellement le problème aux yeux de David Souvestre, président de l’association Lesbian and Gay Pride Lyon, qui nous explique que selon lui :
Ces arguments sont fallacieux. La vérité, c’est que la préfecture est confrontée à la présence dans le quartier de locaux de l’extrême droite radicale, des membres du GUD, et on sait que depuis quelques années la situation empire. La préfecture souhaite éviter les troubles avec ces militants.
Un symbole fort
Face à ce constat, les organisateurs de la Marche des fiertés refusent de céder devant ce qu’ils estiment être la frilosité de la préfecture face à cette frange radicale. Cela reviendrait à autoriser qu’un quartier soit réservé à une partie de la population, poursuit David Sauvestre :
Dans un nombre important de pays, on interdit encore des défilés LGBT à cause de la pression de l’extrême droite. C’est pour nous totalement hors de question de prendre ce virage. C’est un symbole fort que d’aller défiler dans ce quartier.
De son côté, la préfecture réfute toute considération par rapport aux militants extrémistes. “On n’est pas fragiles face à ça, assure la responsable de la communication de la préfecture. Si vraiment des membres du GUD veulent se frotter à cette Marche, où qu’elle soit organisée, ils le feront. Ce n’est pas politique, on n’est pas contre eux (les organisateurs de la Marche, ndlr)« .
Mais le sujet n’est pas tant d’être pour ou contre aux yeux du président de l’association LGBT : “On n’a jamais pris ce refus comme une attaque contre nos revendications. Mais c’est l’expression d’une certaine lâcheté de leur part vis à vis de l’extrême droite”. D’autant que ce n’est pas la première fois que l’association a souhaité redéfinir le parcours de la Marche pour qu’elle passe dans le Vieux Lyon. Cela avait été déjà le cas en 2015 mais la préfecture avait refusé, annonçant par la même occasion que plus aucune manifestation ne serait autorisée dans ce quartier. Résultat : juin 2015, deux rassemblements anti-GPA autorisés par la Manif pour tous, 30.000 militants, Vieux Lyon. Si la préfecture défend qu’à l’époque, l’état d’urgence n’était pas déclaré (il le sera en novembre 2015), les organisateurs ne comptent tout de même pas céder.
“On n’est ni stupide, ni naïf”
Menace terroriste, état d’urgence… Les organisateurs de la Marche des fiertés de Lyon ont bien anticipé ces aspects sensibles. Premier courrier adressé dès le mois de décembre 2016 à la préfecture pour prendre le temps de discuter d’un dispositif de sécurité à la hauteur des enjeux. Mais la réponse de l’administration n’intervient que début juin, soit quinze jours avant la Marche. Un silence qui en dit long sur les intentions de la préfecture pour David Sauvestre :
On est ni stupide ni naïf, ils ont eu tout le temps de préparer la sécurisation du quartier. Les réunions se font habituellement en avril, là ça a été début juin pour nous mettre la pression. Sauf que nous avons répondu que nous pouvions réduire le nombre de chars et laisser une voie de circulation pour faciliter l’accès des secours. Même le responsable de la police, à la fin de la réunion, a fini par admettre qu’il n’y avait pas d’impossibilité et que s’il y avait la volonté politique, les forces de l’ordre et les pompiers s’adapteraient. C’est donc bien une décision politique.
Mais ces alternatives n’ont pas convaincu la préfecture qui avance : “Il y a d’autres événements que nous devons gérer”. Une réponse qui a le don d’agacer le président de Lesbian and Gay Pride Lyon : “C’est sûr qu’ils ont été occupés à boucler de nombreux dispositifs de sécurité”, relève-t-il, assurant que les dispositifs pour le 14 juillet, le marathon de Lyon en octobre et la Fête des Lumières en décembre sont d’ores et déjà définis…
- SOURCE TETU