La Russie "tolère" un régime "d’impunité" en Tchétchénie, où des actes de torture, des disparitions forcées, des exécutions extrajudiciaires et d’autres violations "très graves" des droits de l’homme sont commises, notamment contre les homosexuels, dénonce un rapport de l’OSCE publié jeudi.
Selon ce document d’une trentaine de pages, il existe "des preuves manifestes (qui) confirment" les nombreuses accusations de persécutions commises dans cette république du Caucase russe contre les homosexuels, usagers de drogue, défenseurs des droits de l’homme, avocats, médias indépendants et organisations de la société civile.
"Cela concerne en particulier les allégations de harcèlement et de persécution, d’arrestations et détentions arbitraires ou illégales, la torture, les disparitions forcées et exécutions extrajudiciaires", explique le rapport rédigé sur requête de seize Etats, tous occidentaux, participants de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE).
Selon les conclusions de l’étude, menée sur la base d’entretiens et l’analyse de nombreux documents, les autorités russes responsables des enquêtes sur les crimes en Tchétchénie "apparaissent ne pas avoir assumé leurs responsabilités".
Alors que "les institutions de la Fédération de Russie font un travail valable en général, elles donnent l’impression d’avoir du mal à faire face à la situation en Tchétchénie, qui est traitée comme un cas particulier, un domaine d’exception, où les institutions ne sont pas efficaces et où un régime spécial d’impunité est toléré".
"La plupart des observateurs considèrent qu’il s’agit d’un manque de volonté politique par souci de stabilité dans la région", poursuit le rapport.
L’étude fait état d’actes de violence sur les personnes illégalement arrêtées, "régulièrement frappées avec des tubes en plastique, des bâtons ou des câbles ou soumis à des décharges électriques afin les forcer à des aveux. Dans certains cas documentés, les victimes n’ont pas survécu à ces actes de torture. D’autres ont été exécutées sans jugement".
Ces méthodes visent particulièrement les homosexuels, la rapport distinguant plusieurs "vagues" de persécutions depuis décembre 2016, la dernière ayant été constaté en septembre et octobre derniers.
Dans une déclaration jeudi devant le conseil permanent de l’OSCE, organisation dont le siège est à Vienne et qui comprend 57 Etats membres dont la Russie, les seize pays à l’origine du rapport ont exhorté Moscou à "oeuvrer avec les institutions internationales pertinentes (…) pour se pencher de manière constructive sur les questions soulevées".
Le journal russe d’opposition Novaïa Gazeta avait provoqué une vague d’indignation dans le monde entier en faisant état en 2017 de persécutions d’homosexuels par les autorités tchétchènes. Ce journal avait la même année accusé les forces de sécurité tchétchènes d’avoir exécuté sommairement au moins 27 personnes dans la nuit du 25 au 26 janvier, en représailles à l’assassinat d’un policier.
- Source E LLICO