PROSTITUTION – Hervé Latapie, auteur de «Doubles vies», lève le voile sur la prostitution masculine homosexuelle…
Alors que la proposition de loi de pénalisation des clients est débattue à l’Assemblée nationale cette semaine, 20 Minutes s’intéresse à la prostitution masculine, beaucoup moins mise en avant que celle des femmes.
, Hervé Latapie, directeur d’une discothèque dans le Marais, ne se cache pas de s’être prostitué, «une fois, pour essayer». Dans son enquête, il est allé à la rencontre de clients et d’«Escorts Boys», rencontrés sur Internet, pour dresser le portrait d’une prostitution peu connue du grand public.
Vous êtes un des rares à vous être intéressé à la question de la prostitution gay. Comment l’expliquez-vous?
Effectivement, c’est un sujet très peu étudié. Tout d’abord parce que ce type de prostitution est marginal. Et il ne pose pas tellement de problèmes à la société. Il y a très peu de proxénétisme. Même pour les sites internet qui hébergent leurs annonces, on ne peut pas vraiment parler de proxénétisme. L’abonnement est de 100€ par an. On peut même consulter les offres et poster son profil gratuitement. C’est du business qui consiste à faciliter les travailleurs du sexe.
En France, cela s’appelle du proxénétisme…
Si vous interrogez les services de police, ils n’ont quasiment aucun cas de proxénétisme gay, via ces sites, à vous donner. Tout simplement car il n’y a pas d’enjeu financier. Ni même de domination puisque ce sont des mecs qui se prostituent pour des mecs. Ce ne sont que des travailleurs indépendants, forcés certainement pour certains par l’argent, mais pas embrigadés dans des réseaux. Beaucoup d’ailleurs essaient une fois et s’arrêtent par la suite. C’est mon cas.
Il n’y a pas de rapport de domination, dîtes-vous?
Non. D’ailleurs, l’activité des prostitués gays est moins importante. Un client par jour, ils sont contents, deux, c’est formidable et trois, c’est l’aubaine! Financièrement, ces Escort Boys gagnent peu d’argent. La passe se négocie aujourd’hui entre 100 et 150€. Parfois moins. Cette prostitution est d’opportunité et d’occasion. Je dirais même que sur ces aspects, la prostitution masculine gay est un modèle pour la prostitution féminine. Elle est plus sécurisante.
Il semblerait tout de même que le taux de VIH soit plus élevé chez les prostitués masculins que chez les femmes.
Peut-être, mais c’est le problème des gays, pas de la prostitution. Dans mon enquête, les clients, dont la moitié sont des hétérosexuels, m’ont rapporté qu’ils se protégeaient beaucoup plus en allant voir un prostitué gay que dans leur vie privée.
La prostitution gay est-elle un tabou?
Tout a fait. Elle est complètement cachée dans les lieux gays. Elle se fait à l’abris des regards. Le modèle masculin de la prostitution est complètement diffus et n’a rien à voir avec celui des femmes. L’application de la pénalisation des clients d’Escort Boys est strictement impossible. Les policiers ne vont pas pouvoir les verbaliser puisqu’ils font ça dans des lieux privés. Ou alors, il va falloir qu’ils leur fasse la chasse sur Internet. Je doute vraiment qu’ils en aient les moyens…
Ils peuvent en tout cas verbaliser les prostitués de rue, qu’on retrouve, par exemple, Porte Dauphine.
Sincèrement, cette prostitution gay de rue a quasiment disparu avec l’arrivée du web. Il faut vraiment aller les chercher. C’est un vestige d’une autre époque ou alors, ce sont des hommes en grande difficulté sociale qui n’ont pas accès à Internet
- Source 20 minutes