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 d’ADHEOS

Réfugié politique, bénévole de l’Ardhis et de l’Inter-LGBT, Xecon Uddin a été frappé et insulté alors qu’il attendait un bus pour rentrer chez lui.
Lundi 3 mars, aux environs de 22h45, Xecon Uddin, étudiant aux Beaux-Arts à Paris et bénévole à l’Inter-LGBT et à l’Association pour la reconnaissance des droits des personnes homosexuelles et transsexuelles à l’immigration et au séjour (Ardhis), a été agressé par un homme, alors qu’il se trouvait à un arrêt de bus Porte de la Villette. Encore sous le choc, il raconte à Yagg ce qui s’est passé, après avoir posté sur Facebook hier, mardi, une photo de lui prise après l’agression.
 
«Je fumais une cigarette, alors que j’attendais le bus. Il restait à peu près 13 minutes. Un mec est arrivé et m’en a demandé une. D’habitude, je ne donne pas, mais là il avait vu que mon paquet était plein donc je ne pouvais pas mentir. Il est resté là à me poser des questions, pour savoir où j’habitais. Je n’avais pas envie de répondre, alors j’ai essayé de l’ignorer. Alors il a commencé à me demander de l’argent. Vingt-cinq euros, puis vingt, il descendait au fur et à mesure que je refusais.
 
«C’est là qu’il a commencé à m’insulter et à me traiter de “pédé”, à me demander pourquoi je portais une boucle d’oreille, un pantalon rouge. Il m’a agrippé par le col et a voulu me frapper. J’ai essayé de me libérer en cherchant du regard comment lui échapper. J’ai demandé de l’aide, mais les quatre ou cinq personnes autour n’ont rien fait. Je lui ai dit de me lâcher, que j’allais appeler la police. Il m’a alors frappé au visage et je suis tombé. Les gens autour étaient à quelques mètres, ils n’avaient pas l’air content, effrayés, mais pas un n’a bougé, alors qu’il continuait à me frapper.
 
«L’homme devait avoir dans les 25 ans, il avait une bouteille de bière, mais il n’était clairement pas ivre. Ils auraient pu facilement le maîtriser à plusieurs. C’est avec sa bouteille qu’il m’a aussi frappé au visage, au niveau du front et à l’œil droit, et il s’est ensuite enfui. Quelqu’un est passé à ce moment-là et m’a vu assis pas terre sur la route et blessé. Il a appelé les pompiers qui m’ont emmené à l’hôpital Bichat où je suis resté toute la nuit, pour me faire des points de suture, me nettoyer l’œil droit, et passer des scanners pour vérifier que mon crâne n’a pas été endommagé. Hier après-midi, je suis allé au commissariat d’Aubervilliers, qui n’a pas pu prendre ma plainte, car il faut que j’ai un certificat de l’hôpital.»
 
«CES GENS QUI ONT REGARDÉ SANS RIEN FAIRE»
Xecon Uddin, qui compte se rendre rapidement à l’hôpital Bichat pour récupérer le certificat nécessaire, est réfugié politique. Arrivé en France en 2010, il a fui l’homophobie de son pays d’origine, le Bangladesh, où raconte-t-il, il n’a jamais été agressé de la sorte: «J’ai l’impression de vivre un mauvais rêve. À l’hôpital, je pleurais, pas à cause de mes blessures, mais parce que je me demande comment cela peut arriver, ici, en 2014. J’ai tout quitté pour venir ici. Et ce qui me choque et me met en colère, ce sont ces gens qui ont regardé sans rien faire, comme s’ils étaient devant un spectacle.»