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 d’ADHEOS

Le Club Banana Café et le Cox, deux bars gays emblématiques du Ier et IVe arrondissement, ont tous les deux été les cibles de dégradations homophobes et antisémites cette semaine. Des plaintes ont été déposées.
 
La façade recouverte par des croix gammées. C’est le spectacle découvert par le service de nettoyage municipal ce lundi matin, au Cox, un bar LGBT bien connu dans le IVe arrondissement. « La mairie a été réactive puisqu’elle a tout fait effacer avant que nous arrivions sur les lieux… et c’est pas plus mal », souffle Frédéric Hervé. Pour l’exploitant des lieux, c’est une première : « Ça nous arrive de recevoir des appels d’insultes et des lettres de menaces, mais on n’avait encore jamais eu de croix gammées. »
 
La vidéosurveillance a parlé
 
Une première aussi pour le Club Banana Café dont l’assistant de direction, Dimitri Morvan, se dit toujours aussi choqué : « Le Banana, c’est vraiment une ouverture à la tolérance, là, on se l’est vraiment pris dans la face ». Quelques jours auparavant, dans la nuit de jeudi à vendredi, trois individus ont également tagué trois croix gammées sur la devanture de ce bar gay, emblématique du Ier arrondissement de Paris. Ce sont les employés qui, le lendemain, ont découvert les dégradations. Si les tags, recouverts de peinture, ont disparu, les coupables, eux, ont laissé des traces : « On a visionné les vidéosurveillances et on a vu qu’il s’agissait de trois jeunes hommes, précise Dimitri Morvan. Ils sont arrivés les visages découverts et se sont cagoulés ensuite avant de repartir en courant. »
 
« Une violence symbolique »
 
Deux actes choquants que Jean-Luc Romero, fraîchement nommé au poste d’adjoint chargé des droits humains, de l’intégration et de la lutte contre les discriminations, n’a pas manqué de dénoncer. « Il y a une similitude entre les deux actes qui est extrêmement inquiétante et une violence symbolique, aussi bien pour les personnes juives que pour les personnes homosexuelles, qui est inacceptable », assène-t-il. L’occasion pour l’élu de mettre en garde : « On fait face à une minorité qui s’est radicalisée et on ne peut pas l’accepter car sur des esprits un peu faibles, ça peut avoir de l’influence ». Une condamnation relayée par Anne Hidalgo, maire de Paris : « Ces messages de haine et l’homophobie n’auront jamais droit de cité à Paris. Je souhaite que les auteurs soient vite identifiés et jugés », a-t-elle indiqué sur son compte Twitter.
 
7 faits similaires à Paris
 
Le Banana Café a déposé plainte auprès du commissariat du IIIe arrondissement. Une procédure que Stop Homophobie a déposé auprès de Michaël Bûcheron, officier de liaison LGBT à Paris. Et ces poursuites, pour Terrence Katchadourian, président de l’association, sont absolument nécessaires : « Ces tags, ça nous concerne tous, homosexuels comme juifs, ça veut dire allez tous au bûcher ». Face à ces deux actes, commis en mois d’une semaine d’écart, il ne cache pas son inquiétude : « C’est un serial tagger, c’est une suite. Il va y en avoir un troisième, puis un quatrième… C’est fondamental d’éviter ça ». Depuis le début de l’année 2020, l’association a relevé 16 faits de dégradation similaires, dont 7 uniquement à Paris. « Beaucoup de ces tags étaient sur des centres LGBT, il y a en aussi eu sur les passages piétons arc-en-ciel dans le centre de Paris ou sur des lieux privés… ».
 
Le Cox a indiqué, de son côté, également vouloir porter plainte dans les prochains jours. « On est justement en train de visionner les vidéos des caméras de surveillance autour », précise Frédéric Hervé. Une façon pour l’exploitant de ne pas se laisser intimider : « On a eu une stupeur en découvrant ça, mais on n’a pas peur ! » De son côté, le Club Banana Café affirme avoir, depuis, reçu des centaines de messages de soutien.