On croit toujours que ce genre de scène appartient au passé. Que Paris, ville réputée pour sa diversité et sa tolérance, est un espace sûr pour les personnes LGBTQIA+. Pourtant, Gayvox nous rapporte l’agression, ce mardi, en plein cœur du 18ᵉ arrondissement, un jeune homme gay a été victime d’une agression homophobe d’une brutalité inouïe dans un salon de beauté du quartier.
Mise à jour du 22 août 2025 : suite à plusieurs messages reçus de notre communauté, nous avons vérifié ces informations rapportées à l’origine par Gayvox, et celles-ci se révèlent exactes.
Le salon Glow House est désormais au centre d’un scandale qui suscite l’indignation de toute une communauté.
Une envie simple : se faire poser des faux ongles
Julien M., 27 ans, n’avait rien d’autre en tête que de s’offrir un moment pour lui, un geste esthétique qui lui tient à cœur depuis des années : se faire poser des faux ongles colorés.
Il pousse la porte du salon Glow House, un petit institut de quartier à la devanture rose, et s’adresse à la gérante, Sandrine, pour demander une pose d’ongles.
« Ici, les poses d’ongles, c’est pour les femmes, pas pour… vous. »
Au début, c’est un ricanement qu’il reçoit en guise de réponse. « Vous êtes sérieux ? » lâche la femme derrière le comptoir. « Ici, les poses d’ongles, c’est pour les femmes, pas pour… vous. »
Le ton est moqueur, mais déjà teinté de mépris. Julien raconte avoir senti les regards peser sur lui, comme si sa simple présence était une anomalie.
Des insultes glaçantes
Ce qui aurait pu s’arrêter à une remarque discriminatoire se transforme rapidement en déferlement verbal. « Sale gay », « sidaïque », « tu devrais avoir honte », balance la gérante à voix haute, devant d’autres clients.
Julien tente de garder son calme. Il explique que ces propos sont illégaux, que la loi punit les discriminations. Mais ses mots semblent la galvaniser. Elle s’avance, pointe un doigt accusateur et lui intime : « Tu dégages, ici, c’est pas pour toi. »
Le geste de trop
Refusant de partir en silence, Julien sort son téléphone pour filmer la scène, se protégeant ainsi contre les mensonges éventuels. C’est à ce moment que tout bascule.
Selon la plainte qu’il a déposée, la gérante se retourne, attrape un chauffe-cire utilisé pour les épilations, encore branché, et saisit la cuillère métallique dégoulinante de cire bouillante.
En une fraction de seconde, elle lui jette le contenu au visage.
Cris, panique et odeur de brûlé
Julien hurle. La cire à plus de 80°C s’infiltre dans les plis de sa peau, coule sur ses joues, touche ses paupières. La douleur est immédiate, insoutenable. Des clients choqués crient, d’autres reculent, certains sortent précipitamment du salon.
Une odeur âcre de cire chaude mêlée à la chair brûlée emplit la pièce.
Un témoin compose immédiatement le 18. Les pompiers arrivent en quelques minutes. Julien, les yeux rouges et gonflés, le visage rougi et cloqué, est emmené d’urgence à l’hôpital. Le diagnostic tombe : brûlures chimiques et thermiques graves, risque de perte quasi totale de la vue.
Une plainte pour violences aggravées à caractère homophobe
Julien, encore hospitalisé, a pu déposer plainte depuis son lit. Les chefs retenus : violences volontaires avec arme (en l’occurrence, un liquide brûlant), aggravées par le caractère homophobe.
Si les faits sont confirmés, la gérante encourt plusieurs années de prison et une lourde amende.
Une onde de choc dans la communauté LGBT
L’affaire ne s’est pas limitée aux quelques rues autour de l’institut. En quelques heures à peine, le récit de l’agression s’est répandu comme une traînée de poudre dans la communauté LGBT parisienne, puis bien au-delà. Sur les réseaux sociaux, de nombreux internautes ont exprimé leur colère et leur effroi, parlant d’« acte barbare » et de « retour à l’obscurantisme ».
« C’est la traduction brutale d’une haine enracinée »
Très vite, des collectifs militants et des voix indépendantes ont pris la parole. Ils ont dénoncé non seulement la brutalité de l’acte, mais aussi la banalisation quotidienne des discriminations homophobes. « Ce n’est pas une simple dispute qui dégénère, c’est la traduction brutale d’une haine enracinée », pouvait-on lire dans de nombreux posts partagés.
Des appels à manifester ont commencé à circuler, invitant les gens à se rassembler devant le salon Glow House pour réclamer justice et rendre visible la souffrance de Julien. Les messages se multiplient, certains proposant des veillées avec des bougies, d’autres appelant à des banderoles et des slogans puissants.
Le choc ressenti dans la communauté dépasse l’indignation habituelle : il touche à une peur profonde. Beaucoup rappellent qu’une telle violence dans un espace censé être ouvert au public — un lieu de soin, de beauté, de bien-être — envoie un message glaçant : même là où l’on croit être en sécurité, le rejet et la haine peuvent surgir.
Ce sentiment partagé a transformé le drame individuel en symbole collectif. Pour beaucoup, Julien est devenu malgré lui le visage d’un combat plus large : celui contre l’homophobie persistante, tapie dans les interstices du quotidien, prête à resurgir avec une violence dévastatrice.
Une homophobie qui persiste
Pour de nombreux militants, cette affaire symbolise l’hypocrisie de la société actuelle : d’un côté, on célèbre la diversité et l’égalité des droits, mais de l’autre, des individus se sentent toujours légitimes à insulter, humilier et frapper des personnes simplement pour qui elles sont.
« Ce n’est pas juste un dérapage, c’est une agression motivée par la haine », martèle un représentant d’association. « Quand on jette un produit brûlant au visage de quelqu’un à cause de son orientation sexuelle, on ne peut pas parler de geste impulsif : c’est un acte de violence ciblé. »
Et maintenant ?
Julien, malgré la douleur, a fait savoir qu’il ne comptait pas se taire. Sa vidéo, qui montre une partie de la dispute avant l’agression, pourrait être cruciale pour l’enquête.
Les jours à venir seront décisifs, tant pour sa santé que pour la justice. Pendant ce temps, la communauté LGBT se mobilise, et promet que cette affaire ne sera pas enterrée.
Cette histoire n’est pas un fait divers isolé. Elle nous rappelle que même dans les espaces censés être ouverts à tous, la haine peut surgir sans prévenir. Et que chaque acte de violence homophobe doit être dénoncé, médiatisé, et puni avec la plus grande fermeté.
- SOURCE MYGAYPRIDE