Dans l’Etat de New York, le mariage des homos connaîtra peut-être un destin plus heureux qu’en France. Après un vote favorable à l’Assemblée, un texte de loi doit passer au Sénat, où il lui manque une seule voix pour être adopté
Jamais l’Etat de New York n’a été aussi prêt de l’ouverture du mariage aux homosexuels. Mercredi soir, l’Assemblée de l’Etat a approuvé à 80 «aye» («oui») contre 63 «no» un projet de loi légalisant les unions entre personnes de même sexe. Le texte, introduit mardi par le charismatique gouverneur démocrate Andrew Cuomo, doit maintenant passer au Sénat, dominé par les Républicains, où il ne manque qu’un (un !) seul petit bulletin de vote favorable pour que la mesure historique, soutenue par 58% des New Yorkais, soit adoptée. Le vote est prévu avant vendredi. «Nous avons 31 votes favorables sur les 32 nécessaires. Plusieurs sénateurs sont indécis. Ils doivent nous entendre, nous, familles, amis, voisins et collègues de travail, insiste Ron Zacchi, directeur de l’association Marriage Equality New York. Nous devons gagner.»
Remerciements sur Facebook
Ce n’est pas la première tentative de légalisation du mariage homosexuel dans un Etat où les bastions libéraux comme New York City côtoient les localités conservatrices, rurales, du nord. En 2007, le Sénat de l’Etat, contrôlé par les Républicains, avait déjà repoussé un projet de loi du gouverneur de l’époque Eliot Spitzer. Rebelote en décembre 2009 sous son successeur David Paterson. Les tentatives de reconnaissance par les cours de justice n’ont pas été plus concluantes. Rien qu’en 2006, quatre d’entre elles ont échoué en appel. Aujourd’hui, New York reconnaît les unions conclues dans d’autres Etats sans les autoriser.
L’introduction officielle du nouveau projet de loi a suscité les mêmes mobilisations observées autrefois dans les six autres Etats américains ( Connecticut, Iowa, Massachusetts, New Hampshire, Vermont, et Washington, D.C) qui ont déjà dit «je le veux» au mariage gay. Mardi, plusieurs associations pro-marriage se sont rassemblées devant la mairie de la ville de New York pour inciter les passants à se mobiliser. Des emails avec les numéros de téléphones des élus sont envoyés tous les jours aux électeurs. On conseille de remercier les supporters de la loi sur leur page Facebook et d’appeler les opposants pour les faire changer d’avis.
New York, Etat communiste pour l’Eglise
Mais ces derniers montent aussi au créneau. La conférence catholique de l’Etat de New York a indiqué qu’elle ne soutenait pas la loi, malgré une disposition du texte interdisant toute poursuite contre des membres du clergé qui ne souhaiteraient pas réaliser de mariages homosexuels. Mardi, l’archevêque de New York s’est lâché sur son site. «La dernière fois que j’ai consulté un atlas, il était clair que nous vivions à New York, aux Etats-Unis, et non en Chine ou en Corée du Nord, a ironisé Timothy Dolan. Les communiqués (des gouvernements de ces pays) y définissent la taille des familles, qui meurt et qui vit, les notions de "mariage" et "famille"».
L’attaque de Dolan aura été pour le moins contre-productive. Quelques instants plus tard, le sénateur républicain Roy McDonald annoncait avec émotion qu’il se rangeait du coté des partisans de la loi en réaction à la diatribe de l’archevêque. «On arrive à un point dans la vie où on évolue, on se rend compte que tout n’est pas noir ou blanc, bon ou mauvais, et on essaye de faire des choses justes, a-t-il dit aux journalistes. Vous n’aimerez peut-être pas ça, vous pouvez être cynique, Et bien, rien à foutre! J’essaye de faire quelque chose de juste.»
