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 d’ADHEOS

Selon une enquête de l’association Aides, seules 46% des personnes vivant avec le VIH en France exercent une activité professionnelle tandis que près de 40% des séropositifs vivent au niveau du seuil de pauvreté.
 
Moins de la moitié des séropositifs français a un emploi. C’est ce qui ressort d’une enquête de l’association Aides rendue publique aujourd’hui à l’occasion d’un colloque de l’Organisation internationale du travail (OIT) sur le sida dans le milieu professionnel.
 
La trithérapie a amélioré l’accès à l’emploi
Selon cette étude bi-annuelle, réalisée en octobre 2010, 46% des personnes séropositives exercent une activité professionnelle et une personne sur six (18%) est privée d’activité alors même qu’elle voudrait travailler. Mais l’enquête de Aides rappelle qu’en 2005, seules 23% des personnes vivant avec le VIH travaillaient.
 
Cette nouvelle enquête montre également que l’arrivée des trithérapies a considérablement amélioré l’accès à l’emploi des personnes contaminées par le virus du sida, en même temps que leur espérance de vie. En effet, le taux d’emploi des personnes contaminées après 1997, date de l’arrivée généralisée de ces combinaisons d’anti-rétroviraux s’établit à 58% contre 37% pour ceux qui ont été contaminés plus tôt.
 
Seuil de pauvreté
Selon l’étude, seuls 22% de ceux qui ont un emploi ont la reconnaissance de travailleur handicapé et 9,2% des personnes vivant avec le VIH ont recours à un temps partiel thérapeutique. En terme de revenus, 39,5% des séropositifs et/ou atteints d’une hépatite B ou C ont touché moins de 950 euros par mois en moyenne sur l’année écoulée, le seuil de pauvreté.
 
En France, 152.000 personnes vivent avec le VIH, et environ 50.000 d’entre elles ne le savent pas. En 2009, 6.700 nouveaux cas ont été diagnostiqués, un chiffre en légère hausse par rapport à l’année précédente (6.400). Une majorité des personnes diagnostiquées était âgée de moins de 40 ans, donc en âge d’exercer une activité.
 
Le VIH, un facteur discriminant à l’embauche ?
Pour Michel Simon, vice-président d’Aides, «le sida aujourd’hui n’a rien à voir avec le sida d’il y a vingt ans; les choses ont énormément bougé et la société n’a pas bougé». Pourtant, selon Jean-François Trogrlic, directeur du bureau de l’OIT pour la France, une enquête menée en 2010 montre que certaines idées préconçues restent vives aux yeux des salariés. Ainsi, pour 24% des agents du public et 39% des salariés du privé, le sida est un facteur discriminant à l’embauche. Et pour 22% des agents, avoir le virus est un handicap pour évoluer (25% dans le privé).
 
De son côté, Séverine Fouran Peralta, chargée de mission emploi à Sidaction, met en exergue «le regard que la société porte sur les personnes qui vivent avec le VIH», la première question posée étant "Comment vous l’avez attrapé?"». En outre, de nombreux séropositifs sont réticents à s’identifier comme tels par crainte de discriminations: ils seraient 62% à tenir leur pathologie secrète au travail.
 
Recommandation de l’OIT
L’OIT a adopté en 2010 une recommandation sur le sida et le monde du travail, «la première norme internationale jamais adoptée sur le VIH», a souligné Gilles de Robien, ambassadeur de France auprès de l’organisation. Ce texte souligne notamment le principe de non-discrimination, de dépistages volontaires et confidentiels et insiste sur les efforts de prévention. Il réaffirme également l’importance de l’emploi pour les personnes vivant avec le VIH.
 
Pour Marc Boisnel, responsable au ministère du Travail et de la Santé, «il faut faire progresser l’application effective» de cette norme en France, mais «l’arsenal est complet» en «terme de système et de conformité juridique», et «il existe une concordance entre la recommandation et l’état des actions» dans le pays. En outre, employeurs comme syndicats se sont peu saisis de ces questions. «Honnêtement, on ne sait pas trop comment aborder ce sujet», reconnaît Patrick Pierron, de la CFDT, réclamant l’aide des associations, et soulignant que «ce n’est pas anormal que les peurs de la société se retrouvent dans le monde du travail».