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 d’ADHEOS

Alors que la marque fait des appels du pied aux gays français, le divorce est consommé entre McDo et les homos aux Etats-Unis. Le président de la chambre de commerce LGBT américaine revient pour TÊTU sur la relation tumultueuse entre son organisation et le géant du burger.

 
 Rien… A ce jour, nous n’avons pas eu de réponse ». Quand on demande à Justin Nelson si McDonald’s a répondu à la lettre bien sentie qu’il a adressée à son PDG James Skinner le 3 juin dernier (lire article), on décerne une pointe d’amertume dans sa voix.

 
 
Partenariat en grande pompe en 2008
Pour le président et co-fondateur de la Chambre de commerce LGBT outre-Atlantique, la NGLCC (National Gay and Lesbian Chamber of Commerce), le constat scelle de facto le divorce entre McDonald’s et son organisation. Une série d’attentes déçues, de rendez-vous manqués et une pub française auront donc eu raison du partenariat que le couple avait noué en grande pompe deux années plus tôt. «La relation se dégradait depuis longtemps, reconnait-il aujourd’hui. On se demande même pourquoi ils ont rejoint la Chambre de commerce !»
 
En effet, dès 2008, la relation entre la marque américaine et la Chambre de commerce, qui compte 120 entreprises-membres et défend les intérêts de 1,4 millions de commerces LGBT aux US, démarrait sous de bien mauvaises auspices. L’AFA (American Family Association), une association familiale conservatrice, avait appelé au boycott de McDo pour dénoncer la décision de la chaîne de restauration rapide de participer au financement de l’organisation, accusée de «soutenir de le mariage homosexuel», ainsi que d’avoir autorisé son vice-président chargé de la communication à rejoindre le bureau exécutif de la Chambre (lire article).
 
«Ils n’ont rien fait»
Si l’on en croit Justin Nelson, l’épisode, violent, qui durera plusieurs mois, définira les relations à venir avec le géant du burger. Quelques mois plus tard, en 2009, en l’échange du sponsoring du grand diner annuel de la NGLCC, il demande à McDo un «plan d’action» en faveur de la communauté LGBT américaine, que ce soit à travers un soutien au monde associatif LGBT ou à une gay pride par exemple. C’est la désillusion : «Ils n’ont rien fait, se souvient-il. Il manque un leadership fort à McDonald’s. La loi de quelques uns est devenue la loi du plus fort. C’est dommage.»
 
La suite de l’histoire est celle d’une accumulation de déceptions. Fin janvier 2010, la NGLCC se voit répondre dans un entretien téléphonique avec des responsables de McDonald’s que l’enseigne ne soutiendrait pas la Supplier Diversity Initiative, initiative clé de la Chambre de commerce pour promouvoir les fournisseurs «friendly». Puis, en mai dernier, il découvre ce qui est désormais appelé la «French ad», qui montre un enfant gay avec son père dans un restaurant McDo. Pour un Justin Nelson «irrité, frustré» selon ses propres termes, la pub diffusée en France et non aux Etats-Unis est la goutte d’eau qui fait déborder le vase. «On ne pouvait pas continuer un partenariat avec une entreprise qui ne tenait pas ses promesses.»
 
«Ça ne nous fait pas mal»
Si le PDG de McDo fait la sourde oreille, Nelson espère toujours que la compagnie reverra sa politique en direction des LGBT. « Leur départ de la NGLCC ne nous fait pas mal car nous avons plus de 120 membres, assure-t-il. En revanche, même si la compagnie ne nous rejoint pas, j’aimerais que McDonald’s s’engage pour les LGBT pour aider la communauté dans son ensemble.»