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 d’ADHEOS

Le 12 octobre 1998, ce jeune gay américain mourrait de ses blessures, après avoir été torturé par deux homophobes et laissé pour mort. Il est devenu un symbole.

  
Treize ans déjà. Le 12 octobre 1998, Matthew Shepard, 21 ans, s’éteignait dans un hôpital du Colorado après avoir été torturé et laissé pour mort parce qu’il était gay. Six jours plus tôt, ce jeune étudiant en sciences politiques à l’Université du Wyoming montait dans la voiture de deux jeunes hommes de son âge, Russell A. Henderson et Aaron J. McKinney, qui lui proposent de faire un tour. En réalité, ils ont décidé de martyriser celui qui vient de leur dire qu’il était gay. Ils le conduiront dans un endroit désert, l’attacheront à une barrière et le tabasseront à coups de crosse de revolver, jusqu’à lui briser le crâne. Le croyant mort, les deux bourreaux abandonneront Matthew Shepard, qui agonisera 18 heures pendu à cette clôture, avant qu’on ne le découvre et qu’on le transporte à l’hôpital. Dans un état désespéré.

  
La mort de Matthew déclenche alors une vive émotion dans tous les Etats-Unis: une veillée le 15 octobre sur les marches du Capitole, les larmes d’Ellen DeGeneres, les pages d’accueil des sites homos barrées de noir. Une émotion qui gagne vite le monde entier par le biais d’internet. Du jour au lendemain, Matthew Shepard devient un symbole, celui des victimes de crimes homophobes. Un an plus tard, ses deux assassins sont condamnés à la perpétuité.
 
Une loi sur les «crimes de haine»
Cette histoire tragique a inspiré trois films: The Matthew Shepard Story, Anatomy of a Hate Crime et surtout le docu-fiction The Laramie Project, d’après la pièce du même nom de Moises Kaufman. Mais surtout, il y a deux ans, après des années de combats et de travail parlementaire, le Sénat américain a voté un texte majeur, surnommé le «Matthew Shepard Act», qui modifie la loi sur les «crimes de haine» en y incluant les actes perpétrés contre des personnes à raison de leur genre ou de leur identité de genre, de leur orientation sexuelle ou de leur handicap. Une loi comparable à celle du 18 mars 2003 en France, qui permet désormais de considérer comme circonstance aggravante l’homosexualité (réelle ou supposée) de la victime.
 
Longtemps bloquée par George W. Bush, cette loi «Matthew Shepard» a été signée par le président Barack Obama le mercredi 28 octobre 2009, conformément à un engagement de sa campagne. De son côté, Judy Shepard, la mère de Matthew, dont la fondation a joué un rôle déterminant pour l’adoption de cette loi, continue de donner des conférences à travers les Etats-Unis afin de sensibiliser les jeunes et les moins jeunes à la nécessité de lutter contre l’homophobie. Et pour que le nom de Matthew Shepard ne soit pas oublié.