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 d’ADHEOS

Fuyant la haine dont ils font l’objet, quelques dizaines de gays, lesbiennes et trans marocains sont réfugiés dans l’enclave espagnole de Melilla, dans l’espoir d’une hypothétique protection internationale.
Le temps des entrées en force de centaines de migrants semble révolu dans l’enclave espagnole de Melilla, sur la côte marocaine. Au centre de rétention désormais quasi désert, le CETI, la population principale est à présent composée de demandeurs d’asile homosexuels et trans marocains, rapporte le quotidien «El Mundo». Les membres de cette petite communauté se serrent les coudes en attendant une très hypothétique protection internationale.
 
 Les autorités ont ainsi reçu 45 demandes d’asile depuis le début 2016. Déjà davantage que pendant toute l’année 2015. Les ONG qui soutiennent les LGBT marocains rapportent que les persécutions se sont renforcées depuis l’arrivée au gouvernement du PJD islamiste, que ce soit aux mains de la police, qui multiplie les raids ciblés, ou de groupes de jeunes casseurs, comme l’a récemment démontré l’affaire de Beni Mellal.
 
«Je veux juste être moi-même»
 
Les gays et les quelques lesbiennes du CETI, âgés de 18 à 41 ans, racontent tous une existence émaillée de menaces et de violences, qui ont commencé dès l’enfance. «Mon rêve est d’ aller en Europe, d’ échapper au Maroc. Je veux juste être moi-même», s’écrie Fati, coiffeur de 28 ans, échappé de la région de Nador après la mise à sac de son salon.
 
Le groupe ne se sent pas en sécurité à Melilla. Ses membres se disent régulièrement insultés et volés par les Marocains de passage ou habitant le territoire. Les magasins du quartier, tenus par des «barbus», refuseraient de les servir. L’un d’eux a récemment été tabassé en allant acheter des cigarettes.
 
«On n’est en sécurité ni de ce côté de la clôture ni de l’autre», résume Amine. Une femme en hijab apostrophe le journaliste: «Il ne raconte de que des mensonges!», accusant le jeune homme efféminé d’être «sans honte» et d’aimer «s’exhiber». Elle finit par cracher au sol en lâchant «Qawm Lut» – terme coranique désignant les Sodomites, qui invoque une punition divine. «Ils croient que les tremblements de terre qui ont secoué Al Hoceima et Nador sont de notre faute. Chaque malheur ou catastrophe est l’occasion de nous blâmer et de nous persécuter. On est comme la peste», résume Abdu.