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 d’ADHEOS

Deux militantes du mouvement Femen, protestant contre la pénalisation de l’homosexualité, ont été interpellées, lundi 11 avril, devant le tribunal de Beni Mellal, où se déroule le procès d’un homosexuel et de ses agresseurs.
 
Ce procès ouvert le 28 mars se tient sur fond de polémique au Maroc où l’homosexualité est considérée comme un délit et passible de prison.
 
Les faits jugés remontent au 9 mars lorsque plusieurs jeunes gens avaient fait irruption dans un appartement de Beni Mellal et agressé deux homosexuels, dont l’un a été arrêté le jour même et le second deux semaines plus tard, le 25 mars, de même que quatre agresseurs.
 
La justice a déjà condamné la victime arrêtée le 9 mars à quatre mois de prison ferme pour « actes sexuels contre-nature », l’équivalent d’homosexualité au Maroc.
 
C’est également le 25 mars qu’une vidéo de l’agression avait été diffusée sur YouTube, montrant les deux hommes dénudés, le visage en sang, se faire violemment agresser avant d’être traînés dans la rue.
La violence de cette agression homophobe et le procès intenté aux deux victimes ont soulevé un tollé dans une partie du milieu associatif marocain, qui réclame l’abrogation de l’article 489 du code pénal.
Cet article criminalise « les actes licencieux ou contre nature avec un individu du même sexe ». Et l’homosexualité est punissable de six mois à trois ans de prison.
 
Dans ce procès, un homme âgé d’une trentaine d’années est jugé pour « déviance sexuelle », alors que ses trois agresseurs sont accusés « d’entrée par effraction, de recours à la violence et de port d’armes ».
 
Adultes consentants
 
Des habitants de Beni Mellal se sont encore rassemblés lundi devant le tribunal pour réclamer la libération des agresseurs. Parmi eux, les deux militantes Femen ont tenté de poser seins nus devant le tribunal. Elles ont rapidement été interpellées par des policières, a déclaré à l’AFP Hussein Harchi, représentant de l’association marocaine des droits humains (AMDH, indépendante).
« Alors qu’une centaine de personnes manifestaient en défense des agresseurs homophobes, Femen est venu dénoncer l’homophobie d’État au Maroc », indique un communiqué du groupe qui réclame la libération des personnes « emprisonnées du fait de leur simple orientation sexuelle. »
 
De son côté, l’Ong Human Rights Watch (HWR) a réitéré sa vive condamnation des autorités marocaines qui « continuent à imposer les lois anti-homosexualité, même lorsque les actes en question se déroulent dans une résidence privée entre adultes consentants, et même après que des voisins les aient agressés en raison de leur orientation sexuelle supposée ».
 
Les lois qui criminalisent les rapports homosexuels portent atteinte aux droits garantis par le Pacte international relatif aux droits politiques et civils, auquel le Maroc est partie, rappelle HWR, y compris les droits à la vie privée et à la non-discrimination. Le Groupe de travail des Nations Unies sur la détention arbitraire considère que les arrestations pour relations homosexuelles consentantes sont, par définition, arbitraires.
 
En réponse à l’affaire de l’agression à Beni Mellal, une vingtaine d’organisations non gouvernementales au Maroc ont appelé à l’abrogation de l’article 489 du code pénal