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 d’ADHEOS

Le collectif des Maires pour l’enfance a été créé en 2005. Ou en 2004, son site Internet hésite sur la date de naissance. Il n’avait pas jusqu’à présent fait beaucoup parler de lui. Mais le projet de loi sur « le mariage pour tous » lui a redonné vigueur et visibilité.
 
Lancé en octobre, son appel intitulé « Protégeons l’enfance » a déjà recueilli 17 185 signatures d’élus municipaux « opposés au mariage et à l’adoption par des couples homosexuels ». Initié officiellement par « deux maires de droite et deux maires de gauche », il mobilise surtout les élus de droite qui revendiquent un droit à l’objection de conscience. En résumé, les officiers d’état-civil qu’ils sont refusent d’être contraints demain à célébrer « des mariages entre personnes de même sexe. »
 
« Apprentis sorciers » 
En Charente-Maritime, ils sont 252 (pour l’instant) à avoir signé l’appel. Dont 51 maires, principalement de communes rurales (lire la liste ci-dessous). Figurent parmi eux deux conseillers généraux et maires, Léon Gendre (La Flotte-en-Ré) et Robert Chatelier (Soubise), un de leurs anciens collègues, Jean-François Douard (Lagord) et un ex-député, Jean-Louis Léonard (Châtelaillon-Plage). On ne retrouve pas en revanche les noms des autres parlementaires UMP du département, et maire de leur commune : Didier Quentin (Royan), Claude Belot (Jonzac) et Michel Doublet (Trizay). La parité n’est pas de mise puisque sept signataires seulement sont des femmes.
 
Le mariage pour tous ne passera pas par eux. Jean-Louis Léonard l’assume pour deux raisons, l’une personnelle, l’autre politique. « C’est une initiative qui me choque profondément. Pour moi, le mariage a un sens, lié à mes convictions religieuses. Et comme élu, je suis opposé à une mesure aussi radicale qui touche au fondement même de notre société. C’est ouvrir la voie à l’adoption et à la procréation médicale assistée pour les couples homosexuels. »
 
Passer pour le dernier des réactionnaires ne le soucie guère : « François Hollande joue les apprentis sorciers dans le seul but de satisfaire une promesse électorale. Si la politique, c’est coller à la mode, alors je préfère arrêter la politique. Si refuser le mariage pour tous, c’est être ringard, alors, oui, je suis ringard. »
 
N’est-ce pas pourtant la mission première du maire d’appliquer la loi, quelle qu’elle soit ? « Il m’est impossible de mettre en pratique un texte aussi contraire à mes convictions, répond le maire de Châtelaillon. Le code civil n’oblige en rien le maire à procéder aux mariages, il peut très bien déléguer à ses adjoints. À chacun de faire son choix. »
 
« Ne pas dramatiser » 
Frédéric Hay est à la fois conseiller municipal à Saintes et président d’Adheos (Association d’aide et de défense homosexuelle pour l’égalité des orientations sexuelles), très active en Charente-Maritime et en Charente. Il veut relativiser le débat : « Vous savez, 51 maires sur 472, ce n’est jamais que 11 %. » Et de dédramatiser : « Dans la réalité, les maires délèguent souvent. Il y aura toujours un officier d’état-civil pour marier les couples. »
 
À ses collègues élus, il ne souhaite dire qu’une chose : « Quand une loi est votée, les élus de la République se doivent de l’appliquer. Si on commence à revendiquer une clause de conscience, pourquoi ne pas pousser le raisonnement jusqu’à l’absurde et refuser de marier les étrangers, les syndicalistes, ceux qui ont des convictions contraires aux vôtres ? »
 
Le président d’Adheos avance un argument probablement partagé par la majorité silencieuse des maires qui se plieront à la loi. Gilles Sallafranque, par exemple, maire de Mornac-sur-Seudre, se sent tenu par son engagement d’élu à respecter et donc à appliquer la loi. « Je ne vois pas comment, d’ailleurs, on peut concevoir de ne pas s’y plier ? Moi, en tout cas, il est très clair que je célébrerai ces unions. »
 
Frédéric Hay, lui, sera à Angers ce week-end pour une rencontre sur le mariage pour tous. Et sa vice-présidente aujourd’hui à Bordeaux où anti et pro manifesteront. On attend 20 000 personnes dans les rues.