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 d’ADHEOS

 L’Assemblée débat ce matin sur le mariage homo, en examinant une proposition de loi socialiste. Hier, militants et politiques se sont retrouvés près de l’hémicycle pour appeler les députés à voter l’égalité des droits et chaque parti à clarifier ses positions. Reportage.
 
 Alors qu’une proposition de loi PS sur le mariage homo s’est invitée ce matin à l’Assemblée nationale, plus d’une centaine de manifestants, d’associatifs et de politiques, s’étaient donnés rendez-vous mercredi soir, à deux pas du Palais Bourbon. Leur but: réclamer une fois de plus l’égalité des droits, se rappeler au bon souvenir des députés et s’offrir un tour de chauffe avant la présidentielle. Parmi eux, des représentants de la plupart des partis de gauche, Jean-Marc Ayrault, Aurélie Filippetti ou Bruno Julliard pour le PS, Caroline Mécary pour Europe Ecologie les Verts, ou Martine Billard pour le Parti de Gauche. Du côté de la droite, seul GayLib, mouvement LGBT affilié à l’UMP, avait fait le déplacement.

 
 «Nous verrons comment ils voterons»
Fait exceptionnel, marquant l’importance d’un vote qui apparaît comme un moment de vérité avant 2012, un grand nombre d’associations LGBT ont misé sur l’œcuménisme et se sont unies derrière la même revendication. «Ce rassemblement est inhabituel, toutes les associations sont ensemble, explique Nicolas Gougain, porte-parole de l’Inter-LGBT. Nous espérons que l’opposition parlementaire sera mobilisée derrière ce projet de loi et nous attendons des clarifications de la majorité. Certains de ses membres se déclarent favorables au mariage homo, nous verrons comment ils voteront. Et toutes les associations seront attentives à ce que disent les uns et les autres. Chacun a encore en tête les propos de Brigitte Barèges.»
 
Pour la première fois de l’histoire, le mariage homo est ainsi inscrit à l’ordre du jour de l’Assemblée et un vote aura lieu mardi prochain. A la manœuvre: le député PS Patrick Bloche, coauteur de la loi sur le pacs. «Nous avons rebondi sur l’avis du Conseil constitutionnel estimant qu’il revenait au législateur d’instaurer le mariage homo, raconte-t-il. Nous pouvons le voter dès maintenant, sans attendre 2012. Depuis 9 ans, rien n’a été fait dans ce domaine. Avec le pacs, notre pays a été précurseur mais maintenant, il est à la traîne. J’espère que le parlement sera en phase avec la société, qui est favorable au mariage homo. C’est sa mission de représenter le peuple.»
 
«Les mentalités ont évolué»

 
Jean-Marc Ayrault, président du groupe PS à l’Assemblée, ne se fait guère d’illusions et ne semble pas imaginer des députés UMP approuver ce projet. Mais pour lui, ce vote est un premier pas: «Même si la loi n’aboutit pas, le débat aura lieu. Les mentalités ont évolué, la prochaine étape est de faire évoluer le droit.» Il veut aussi que sa présence ait valeur d’engagement: il l’assure, si la gauche passe en 2012, elle votera le mariage homo.
 
Tous les alliés potentiels du PS sont sur la même ligne. «La majorité est rétrograde, déplore Martine Billard. J’espère qu’elle aura au moins la décence d’assister au débat». «Il est inadmissible qu’il n’y ait pas d’égalité des droits alors que la société a évolué», estime de son côté Caroline Mécary. Emmanuel Blanc, président de GayLib, paraît plus gêné au moment de prendre la parole. Il critique son parti, qu’il juge «rétrograde», mais estime que «la majorité est prise en otage par un petit groupe de députés réactionnaires qui la tétanise. Il y a aussi des progressistes à l’UMP, Roselyne Bachelot, Chantal Jouanno ou Rama Yade (NDLR: qui est maintenant membre du Parti Radical).»
 
«Faut pas rêver»
 Parmi la foule, l’issue du vote ne fait aucun doute. Quand Patrick Bloche ose un «On ne sait jamais», plusieurs manifestants soupirent «Faut pas rêver». L’enjeu est ailleurs. Pour eux, il est temps que la majorité se prononce clairement sur la question, alors que le contrat d’union civile, promis par Nicolas Sarkozy en 2007, n’a jamais été mis en place.